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Requiem pour la révolution, de Jihan El-Tahir (Egypte) fait un tabac
critique
rédigé par Maman Sani Soulé Manzo
publié le 15/03/2007

Qui a dit que les Burkinabès ont soupé de la Révolution ? C'est a contrario un public sans conteste progressiste ou, à tout le moins, nostalgique de la Révolution avec grand R, qui a pris d'assaut le "Petit Méliès" de Ouaga, hier lundi 26 février, pour suivre le documentaire Requiem pour la révolution de la réalisatrice égyptienne Jihan El-Tahir.

La réalisatrice égyptienne Jihan El-Tahir voulait raconter, vu de Cuba, le combat des mouvements de libération du Congo de Patrice Emery Lumumba, du Cap Vert et de la Guinée Bissau de Amilcar Cabral, de l'Angola de Agostinho Neto et de la Namibie de Sam Nujoma. Mais, elle a dû batailler ferme à Cuba même, un an et demi durant, pour accéder aux archives de "l'Odyssée cubaine en Afrique", obtenir les réponses au questionnaire qu'elle a adressé au Lider Maximo Fidel Castro, retrouver les images d'époque mal conservées de la télévision congolaise, etc. "J'ai mené l'enquête, le tournage et le montage de ce documentaire de 120 minutes en même temps", soupire Jihan El-Tahir, qui se console de sa peine par l'accueil triomphal réservé hier à son œuvre.

Le résultat des deux ans et demi de travail de Jihan El-Tahir est en effet concluant. Requiem pour la révolution, qui s'ouvre sur l'accueil populaire réservé en 1991 à Nelson Mandela par Fidel Castro, utilise témoignages et images d'archives dans un époustouflant et édifiant flash-back pour magnifier la Révolution et, en filigrane, en prononcer le requiem. Jihan El-Tahir estime, à propos de Cuba et des 17 mouvements de libération qu'il a soutenus en Afrique, qu'"ils ont gagné toutes les batailles ; ils ont fini par perdre la guerre".

De fait, la réalisatrice égyptienne Jihan El-Tahir place cette "Odyssée cubaine en Afrique" dans la perspective de la "guerre froide" entre les États-unis et l'ex-URSS. Ainsi, outre les acteurs africains et cubains du drame où apparaissent l'Algérien Ahmed Ben Bella, le Ghanéen Kwamé N'Krumah, le Guinéen Ahmed Sékou Touré ou le Tanzanien Julius Nyéréré, on voit les Américains Eisenhower et Reagan, les Russes Khrouchtchev, Brejnev et Gorbatchev, leurs ministres et conseillers ainsi que d'ex-agents de la CIA et du KGB expliquer et expliciter ces guerres de libération.

Reste que, des décennies après ce "drame africain" qui a pris fin entre 1988-1991 avec une victoire à la Pyrrhus entre Cuba et l'Afrique de l'Ouest et, surtout, entre l'Est et l'Ouest, Jihan El-Tahir garde toujours la caméra tournée vers le passé, vers Amilcar Cabral du PAIGC assassiné par la PIDE, un an avant l'indépendance de son pays. "Quelqu'un a décidé de produire une version de mon film en DVD de trois heures de temps où l'expérience bissau-guinéenne et capverdienne sera en bonne place".

Tout se passe comme si Jihan El-Tahir refuse de regarder en face le présent et l'avenir ou plutôt refuse d'insulter l'avenir dans un environnement géostratégique dominé par une seule superpuissance : l'Amérique, qui était vouée aux gémonies aux temps glorieux de la Révolution.

Sani SOULÉ MANZO (Niger)

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