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Hommage au cinéma marocain
critique
rédigé par Dieudonné Motchosso Kodolakina
publié le 19/03/2007

Le cinéma marocain que l'histoire fait naître 24 ans après la fondation du Centre du Cinéma Marocain (CCM, créé en 1944) est aujourd'hui le leader du cinéma maghrébin avec l'importance en nombre de ses productions et la qualité du travail fouillé des réalisateurs de ce pays : plus de 70 productions par an (courts et longs métrages confondus).

La place de choix que le Fespaco 2007 consacre à ce cinéma avec 17 films programmés n'est qu'un hommage mérité. Les belles pages de ce ciné sont écrites par bien des réalisateurs, à l'exemple de Mohamed Ali El Mejoub, Rachida Saadi, Fouad Challa, Mohamed A. Bensouda, Rhalib Jouad, M. Moncif pour ne citer que quelques noms. Cette génération, il faut l'avouer, a suivi des chemins moins ronceux, tracés par des aînés de la génération qu'on pourrait bien appeler, sans craindre une certaine emphase, Hamid Bennani, Noureddine Saïl, Mohamed Abderahmane Tazi. Déjà à l'indépendance, le commerce du cinéma qui avait été laissé à la charge du secteur privé, revient un peu plus sous le giron du Centre du Cinéma Marocain (CCM) qui connaîtra un tournant important en 1986 avec, l'arrivée à sa tête du cinéaste Souheil Ben Barka. Comme cheval de bataille, il se fixe d'importer quelques films de qualité et crée sa propre salle d'Art et d'Essai, pour faire la différence avec la programmation trop "commerciale" des 260 salles du pays.

Une autre initiative non négligeable dans l'épopée glorieuse de ce cinéma : le fonds de soutien à la production de films marocains, prélevé sur une partie des recettes des films étrangers, géré par le CCM qui soutenait relativement deux ou trois longs métrages par an et mettait son laboratoire couleur à la disposition des cinéastes.

On ne peut passer sous silence la contribution de la Fédération marocaine des ciné-clubs (FMCC) à ce rayonnement. Elle fut l'une des plus importantes d'Afrique et reste d'ailleurs à l'origine du premier film de grande facture réalisé par un Marocain, Wechma, de Hamed Bennani, en 1970. Au générique de ce film, les noms de Mohamed Abderrahmane Tazi et Noureddine Saïl, (alors président de la FMCC). Tous deux, coproduiront des films aussi inoubliables que Le grand voyage en 1981 et Badis en 1989 et À la recherche du mari de ma femme, 1995, réalisés tous les trois par Abderrahmane Tazi.

Ce ciné est aujourd'hui fier et fort de plusieurs décisions comme celles de verser 5% des recettes publicitaires de la télévision au fonds de soutien au cinéma et la participation de la deuxième chaîne de Télévision marocaine. Résultat : le cinéma marocain est devenu économiquement le plus avancé du monde arabe en triplant sa production de films annuels et en augmentant en conséquence ses possibilités d'avoir des films de qualité. Les fictions cinématographiques marocaines se libèrent des diktats du cinéma commercial égyptien auquel elles opposent un cinéma d'expression qui traite des mutations des sociétés post- indépendances, de la dénonciation du statut terni de la femme, des conflits tradition-modernité, la quête moins déchirée, en passant par le retour à la spiritualité des anciens, etc.

Dieudonné Motchosso KODOLAKINA (Togo)

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