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Le réel cinématographique ou l'imaginaire reconstruit autrement
Les anges de Satan, d'Ahmed Boulane (Maroc)
critique
rédigé par Noureddine Mhakkak
publié le 03/04/2007

Parlons du cinéma, cela nous mène à parler surtout de l'imaginaire, mais parlons du cinéma qui essaye de recréer ou qui veut recréer le réel avec une vision artistique, cela nous mène à faire une reconstruction des effets cinématographiques joués, et de leur relation avec la réalité reconstruite elle aussi, à travers le langage de l'image. Cela ne peut être important que lorsque nous voudrons étudier un film qui appartient à ce genre de cinéma, le cinéma dit réaliste, tel le film marocain Les anges de Satan du réalisateur Ahmed Boulane, l'un des meilleurs réalisateurs marocains.
Ce film est basé sur une histoire bien construite, une histoire avec un début et une fin. Une histoire dont les événements se poursuivent, événement par événement, et dont les héros connaissent plusieurs effets dans leurs parcours narratifs. Ainsi cette histoire commence par un grand concert de Hard rock, et où la caméra va nous présenter quelques visages des jeunes hommes, six artistes avec leurs instruments musicaux dans un concert, si vif, si ardent, où tout le monde chante la vie et l'amour, l'amitié et l'aimance. Ce film raconte l'histoire de ce groupe, avec une simplicité narrative qui suit une lignite basée sur le déroulement des effets présentés et joués par des acteurs souvent étaient à la hauteur de l'interprétation de leur rôles bien déférents, surtout les acteurs professionnels qui ont pu donner le mieux d'eux en jouant avec une grande confiance en leur capacité cinématographique. Cette histoire cinématographique qui est basé sur une autre histoire bien réelle, nous présente un récit dramatique de jeunes hommes qui ont succombé à la magie de la musique, et comme tous les jeunes dans le monde entier, ils vont essayer d'éprouver leur existence artistique à travers elle. Ainsi ils vont faire des concerts, et à travers ces concerts on va voir des autres micro-histoires qui vont naître. Le film débute en comptant ces micro-histoires, celle d'abord d'un jeune parmi ces musiciens, qui a réussi à se lier d'amitié, à travers Internet, avec une étrangère, et qui a réussi, en plus, à la convaincre de venir avec une autre amie à elle, chez-lui , au Maroc. Et celle aussi de son ami (joué par Driss Roukhe avec beaucoup de maîtrise), qui appartient à une famille modeste, et qui possède une ancienne voiture, et qu'on le voit au début du film et à la fin en train de la réparer avec un sens d'humour bien remarquable. Une autre micro-histoire, celle du jeune musicien (remarquablement interprété par Rafik Boubker), qui a préféré rester dans son pays natal le Maroc, au lieu de rejoindre sa mère qui habite en France.
Mais soudain tout ce parcours qui parait normal va être changé lorsque ces jeunes musiciens vont être accusés d'adhésion au culte satanique. Les motifs de l'accusation seront quelques habits, quelques objets et quelques paroles poétiques, interprétés comme des signes de ce culte. Ce qui va pousser la société civile à réagir en faveur de ces jeunes musiciens qui aiment la musique, et à travers elle, la vie, ni plus ni moins. La défense de ces jeunes musiciens va être menée par la presse progressiste, par des associations civiles et par bien sûr leurs parents et leurs amis. Avec cette défense qui a pris son chemin avec beaucoup de courage et de responsabilité, le film va s'ouvrir de nouveau vers une autre micro-histoire, celle d'un journaliste et sa femme .Tous les deux vont faire de cette affaire leur affaire personnelle.
Ainsi la caméra va suivre le chemin de ce journaliste en le montrant au travail (soit dans son bureau au journal, soit même à sa maison), en compagnie de sa femme. Ce journaliste qui n'a pas cessé de suivre cette affaire en écrivant des articles, l'un après l'autre en défendant ces jeunes musiciens ,va être victime d'une attaque par des inconnus. Mais il va en sortir, vivant et courageux, en continuant son chemin journalistique choisi. Par cette scène cinématographique et après elle, celle de l'interview avec l'avocat barbu, le réalisateur Ahmed Boulane, veut nous montrer l'autre camp qui veut que ces jeunes musiciens soient punis.
La fin du film va prendre le même parcours de l'histoire réelle, celle de la mobilisation active de la société civile et la liberté de ces jeunes musiciens. La victoire va être à côté de la musique, puisque la musique représente la vie, la tolérance et l'amour. De la musique avant toute chose, comme a dit Paul Verlaine.
Le style cinématographique de ce film comme, on a pu montrer, suit le parcours du nouvel cinéma réaliste, le cinéma où l'imaginaire trouve sa meilleure place aussi, à travers plusieurs signes symboliques. On peut citer parmi eux, celui des relations des personnages bien travaillés tels la relation d'amitié entre les jeunes musiciens, la relation maritale entre le journaliste et sa femme, et la relation de parenté entre un jeune musicien et son père. Ce qui montre que ce film a pu dépasser le parcours réaliste en rejoignant de temps à autre le parcours symbolique aussi.

Noureddine Mhakkak

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