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Le Festival International du Film du Caire 2006
Du 28 Novembre au 08 Décembre 2006
critique
rédigé par Mehrez Karoui
publié le 01/05/2007

Le festival du Caire, qui vient de fêter sa trentième édition, est la plus grande rencontre cinématographique arabo-africaine. Financée par le ministère de la Culture égyptien et sponsorisée en grande partie par MobiNil, l'opérateur téléphonique régnant sur la région, la manifestation est dirigée depuis vingt-deux ans par une femme, Soheir Abdel Kader, sa vice-présidente.
Tout d'abord, les invités sont tous logés dans le même hôtel Grand Hayat (un hôtel de luxe de 5 étoiles au bord du Nil). On y trouve également les bureaux du festival ainsi que de confortables salles de cinéma réservées aux projections pour les jurys et les journalistes. Le reste des programmes se déroule à La Maison de l'Opéra (sorte de complexe culturel avec plusieurs salles de projection) à cinq kilomètres de l'hôtel. Le centre de presse mis à la disposition des journalistes et des invités du festival s'y trouve aussi.

Pour la programmation, le festival propose plusieurs sections à côté des trois compétitions officielles (cinéma, vidéo et arabe). C'est un festival ouvert aux cinémas de tous horizons (Europe, Asie, Amérique, Monde Arabe…). Cette année, il y a eu un hommage spécial au cinéma d'Amérique latine. Par ailleurs, dans chaque session on rend hommage à des stars de cinéma américaines, européennes ou même indiennes qui n'ont pas forcement des films programmés dans le festival.

Cependant, j'étais déçu par l'absence du cinéma d'Afrique noire même dans les sections parallèles. La FACC devrait peut être faire un effort dans ce sens avec la direction du festival, puisque c'est un festival qui se passe dans une capitale africaine.
La Fipresci (Fédération Internationale de la Presse Cinématographique) a réussi depuis deux ans à installer un Jury de la Critique Internationale dont j'ai fait parti lors de cette session. Nous avons eu en marge du festival une rencontre avec le comité directeur de la section égyptienne présidée par Sobhi Chafik, très fier de nous montrer les premiers numéros de Film Realm (le Domaine du film), une revue trimestrielle éditée depuis cette année pour les vingt-cinq ans de l'Association égyptienne des critiques de film (l'EFCA), ainsi qu'une autre rencontre avec deux membres francophones de l'association : Dina Galal et Hala Al Maoui. J'ai également rencontré le critique Ali Abou Chadi, président du Centre du cinéma égyptien et du festival de Ismaïlia, où concourent documentaires et films courts.

En tant que jurés de ce deuxième jury FIPRESCI, nous avons visionné les dix-huit films de la compétition, une sélection comprenant un certain nombre d'œuvres commerciales, légères ou de production télévisuelle, de laquelle nous avons extrait trois perles, un sixième des films proposés...
Mais une seule œuvre s'est véritablement imposée et l'a emporté à l'unanimité, celle de Patricia Arriaga Jordan, La ultima mirada (Le Dernier regard). Ce premier long métrage, d'une réalisatrice mexicaine de cinquante-deux ans, présente une grande maîtrise quant au traitement d'un thème complexe : celui de la perception. Son héros, un peintre magistralement interprété par l'acteur catalan Sergi Mateu, est en train de devenir aveugle, sa perception doit se réaliser à l'aide d'autres sens. Pour lui, la beauté et l'art peuvent avoir d'autres atouts que ceux révélés par ce sens médiatiquement prioritaire qu'est la vue. Mais ce qui intéresse la cinéaste est le moment ultime de la perte du sens et la recherche désespérée de la couleur rouge, la dernière qui peut encore éveiller une rétine mourante.
Le Dernier regard est la rencontre hasardeuse d'un livre de photographies illustrant des textes du poète chinois, Hua-Lan Pei-Ji et d'un bordel dans le désert mexicain qui portent le même nom, La Nao de China (Le Navire chinois). A noter que La Nao de China est également le titre d'un des deux courts métrages de la réalisatrice. C'est aussi la rencontre hasardeuse de deux destins, celui du peintre vieillissant, Homero, et celui d'une jeune fille, Mei, dont la mère était prostituée. Le Dernier regard est en rupture totale avec le cinéma mexicain dont la tradition repose sur le réalisme voire l'hyperréalisme, comme chez Arturo Ripstein, et rarement sur un concept abstrait tel que l'art, devenant ici le moteur d'une élévation spirituelle".

Nous avons eu quelques regrets : celui de ne pas avoir pu donner une mention à Sankara (L'Introspection), un essai d'inspiration bouddhiste, première œuvre d'un jeune réalisateur sri lankais à suivre, Prasanna Jayakodi. Et à Marta, le film de fin d'études de la FAMU, la fameuse école de cinéma de Prague, de la jeune Morave, Marta Novakova, sur le comportement rigoureux à avoir face à un ennemi quelque soit l'époque ou le lieu, volontairement non précisés par la cinéaste.

Mahrez KAROUI

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