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Un tourbillon de vices au milieu de la satire
Le prix de l'amour, de Léa Dubois (Côte d'Ivoire)
critique
rédigé par Fortuné Bationo
publié le 30/07/2007

La grande première du premier long métrage Le prix de l'amour de Léa Dubois a été projetée le 5 juillet dernier dans une salle archi-comble du cinéma Ivoire d' Abidjan. Cette comédie dramatique produite par Katahuia production fête les 20 ans de carrière de la comédienne ivoirienne qui passe ainsi derrière la caméra.

Bertine est une auberge de vertu. Son cœur en or répand la charité sur ses parents, mais cette fois, menace son foyer. Son mari André (Ahmadou Souané) refuse d'héberger dans un premier temps la petite Sopie venue du village par les soins de sa femme. Son ami Bailly entre alors en scène pour le prier d'accepter. Tout s'arrange et l'harmonie de la famille peut rejoindre son meilleur niveau, avec sous le bras, une troisième fille à élever. En attendant le bout de l'intrigue, les acteurs enchaînent les prouesses et embarquent avec bonheur le public dans leur univers peint aux couleurs de l'inceste. Tout l'intérêt dans ce film est là, d'aborder la gravité sous un masque riant, de montrer l'insupportable sur des airs innocents. La satire mordante se déchaîne pour faire le plein de pratiques hallucinantes. Exemple : les nouvelles rondeurs de Sopie, qui a entre temps grandi, divisent la famille parce que le mari s'y intéresse de trop près. Ses deux filles et sa femme deviennent un obstacle à son bonheur interdit. Dans l'autre couple ami, Léa manigance pour mettre le grappin sexuel sur le jeune Christian, le protégé de son mari. Dans cette valse d'inceste, le gris-gris va apparaître pour troubler les esprits. Commérages, ingratitude, course perfide à l'argent, Le prix de l'amour aligne une série de réalités sombres, d'ailleurs fort saluées par le public. Bertine, héroïque dans sa pureté aveugle, est presque seule sur son île de vertu. Léa est quant à elle impayable dans ses scènes de harcèlement. Son entretien avec le marabout est de toute beauté. Quelques faiblesses tout de même : le film est trop long (2h15) et la lumière pèche par endroits. Tout aussi déplorable est l'avalanche gênante des gros plans, dont un, par contre, se justifiait entièrement pour rehausser l'intensité dramatique : Bertine (Maï la bombe) couchée dans son fauteuil parce que foudroyée par les révélations de ses filles. Autant de détails qui n'enlèvent pas grand-chose à la force de cette fiction où la vertu triomphe joliment du vice. Ce coup d'essai vaut largement le déplacement.

Fortuné Bationo

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