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"Mon ambition est de sauver la mémoire du peuple togolais à travers la plume de ma caméra"
entretien avec FUMEY Sewa Koffi Edem, jeune réalisateur togolais.
critique
rédigé par Yohanès Akoli
publié le 30/09/2007

Auteur d'un long métrage, titré Amour Mortel, Fumey Edem est à son premier coup d'essai. Connu du public culturel togolais sous le nom de King Killer, le réalisateur du film est avant tout, monteur de clips vidéos avant sa conversion aux inventions des Frère Lumières : le cinéma. En deux semaines de tournage, Fumey Koffi crée sans doute la surprise et l'étonnement avec son film tourné avec un budget insignifiant. Film aux histoires variées et pleines de rebondissement tramé autour des sujets brûlants de l'heure : l'amour et la réconciliation. En prélude à la sortie officielle du film, prévue pour fin novembre prochain, le journal Golfe Info l'a rencontré.

1 - Amour mortel. Pourquoi un tel titre à votre film ?

Amour mortel est un film qui traite des déviances amoureuses observées aujourd'hui dans le cercle des jeunes. Ces déviances, si elles ne sont pas vite maîtrisées conduit inexorablement les partenaires à se donner la mort. J'ai pensé à cela, et l'histoire que j'ai écrite est une histoire vraie vécue par des proches amis à moi. Je pense que cela arrive à d'autres jeunes aussi. Donc j'ai décidé avec ma caméra d'occulter ces faits sociaux qui à coup sûr ont de graves répercussions sur le fonctionnement de la société dans laquelle nous vivons.

2 - Quels sont les thèmes dont traite votre film ?

Mon film aborde principalement deux sujets. D'abord, le mariage forcé des femmes. Ça paraît peu supprenant qu'en ce 21ème siècle, on continue à parler de mariage forcé. Cela existe bel et bien au Togo et peut-être ailleurs aussi sous une forme déguisée qui ne dit pas son nom. Aujourd'hui, ce sont les riches qui imposent leurs enfants au plus riche. Le pauvre lui, n'a pas le choix. Vous allez voir dans le film, M. Pali qui voudrait à tout prix que sa fille Laurenda se marie à M. Grégoire un homme riche de sa région. Contre toute attente, Laurenda a préféré son camarade de classe Fumey, un pauvre, orphelin de père, intelligent, mais qui souvent est exclu des cours faute de paiement d'écolage. Ensuite nous voulons pour ce premier film aborder un sujet qui préoccupe tout le monde. Il s'agit de l'unification du Togo, de la réconciliation. À travers les noms donné à nos acteurs nous voulons faire ressortir certaines contraintes et enjeux qui freinent le processus de la réconciliation dans notre pays. Comme c'est aujourd'hui un sujet très sensible au Togo, nous ne l'avons pas occulté à fond. Je pense toute fois le faire sans crainte dans mon prochain film.

3 - Tous les acteurs du film sont des jeunes. Pourquoi ce choix au niveau du casting ?

Vous êtes d'accord avec moi que la population togolaise est très jeune. Il est vrai que les vieux sont aussi en nombre important et ont également leur problème. L'unification du Togo, avant tout leur concerne. Ce sont eux qui doivent normalement nous baliser le chemin et comme à leur niveau on observe une certaine lâcheté, c'est à nous jeunes de se montrer capable d'assumer ce défi. Peut-être prochainement sur d'autres projets on verra…

4 - Ces jeunes vous ont-ils satisfait dans leur rôle ?

Ils sont à leur première expérience. Disons que c'est maintenant qu'ils rentrent dans l'actorat. Je pense qu'avec mes prochains films, ils deviendront de grandes stars adulées du public togolais.

5 - Techniquement, on constate qu'il y a trop de digression dans le film, la longueur exagérée de certaine scène par exemple. Etes-vous conscient de cela ?

C'est vrai ce constat. J'ai fait la remarque aussi. Sans vous mentir, mes bandes ont été volées et cela a entraîné une grande perturbation au niveau du montage. Je voudrais même un moment renoncé, mais je me suis dit même si c'est un navet je ferais qu'en même quelque chose pour montrer à l'humanité que le Togo peut aussi faire quelque chose en matière du cinéma.

6 - Amour mortel a quoi de créatif ou d'innovant par rapport aux films togolais existants ?

La première chose, c'est la musique du film. J'ai fait cinq musiques originales pour ce film. C'est ça donc la créativité dont je me félicite beaucoup et que je pense que le public aussi va apprécier. La seconde chose, c'est que le film est disponible sur deux versions : française et éwé ; ce que je n'ai pas encore vu pour un long métrage fait au Togo.

7 - Combien de temps a duré le tournage du film ?

Deux semaines pas plus. D'abord, nous n'avons aucun soutien. Nous avons travaillé rien qu'avec la volonté et la motivation. J'ai fait ce film avec moins de cinq cent mille (500.000) francs CFA, et c'est ma propre économie. Ni les acteurs, ni les techniciens n'ont reçu un centime. Tout ce qui nous animait c'est d'apporter un plus à notre filmothèque déjà en ruine. Je pense qu'aujourd'hui cela vient d'être concrétisé.

8 - C'est quand la sortie officielle de votre film ?

C'est prévu pour fin novembre. Nous le ferons soit au collège protestant soit au centre culturel français de Lomé. Au moment venu, nous allons informer le public. Quant à la duplication, elle est déjà faite. Nous attendons juste la sortie officielle, pour le mettre à la disposition du public et des chaînes de télévisions contre une modique somme de mille francs CFA (1000 francs).

9 - Avez-vous déjà d'autres projets ?

Je compte prochainement faire à nouveau, un long métrage sur la prostitution des jeunes filles à Lomé.

Yohanès Akoli

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