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Tella Kpomahou, naissance d'une star
Festival de Cannes 2008
critique
rédigé par Hassouna Mansouri
publié le 30/08/2008
Tella Kpomahou
Tella Kpomahou
Tella Kpomahou (à Cannes) © Belinda Van de Graaf
Tella Kpomahou (à Cannes) © Belinda Van de Graaf
Tella Kpomahou
Tella Kpomahou
Tella Kpomahou, sur la croisette - Festival de Cannes 2008 © Belinda Van de Graaf
Tella Kpomahou, sur la croisette - Festival de Cannes 2008 © Belinda Van de Graaf
Tella Kpomahou
Tella Kpomahou
Il va pleuvoir sur Conakry, 2006, Cheick Fantamady CAMARA
Il va pleuvoir sur Conakry, 2006, Cheick Fantamady CAMARA
Cheick Fantamady Camara
Cheick Fantamady Camara
Africa paradis, 2005, Sylvestre AMOUSSOU
Africa paradis, 2005, Sylvestre AMOUSSOU
Sylvestre Amoussou
Sylvestre Amoussou
Fatoumata Diawara, actrice dans Il va pleuvoir sur Conakry, 2006
Fatoumata Diawara, actrice dans Il va pleuvoir sur Conakry, 2006
Alex Ogou, premier rôle masculin Il va pleuvoir sur Conakry, 2006
Alex Ogou, premier rôle masculin Il va pleuvoir sur Conakry, 2006
Hassouna Mansouri
Hassouna Mansouri

Depuis le premier rôle qu'elle a joué dans Il va pleuvoir sur Conakry, Tella Kpomahou est considérée comme l'une de jeunes actrices africaines qui incarne cette jeunesse africaine qui monte. Elle est aidée en cela par ses origines multiples : Béninoise de naissance, ayant grandi en Côte d'ivoire, elle vit à Paris. Nous l'avions rencontrée lors du dernier festival de Cannes où elle participait à un forum sur le cinéma au féminin organisé par le Pavillon des cinémas du Sud.

Tu as joué dans Il va pleuvoir sur Conakry, qui est un grand succès. Dans quelle mesure cette expérience est-elle importante pour toi ?

Pour une jeune actrice africaine qui débute à peine (ça fait 5 ans que je suis actrice professionnelle), avoir un premier rôle dans un film, qui plus est un film africain, c'est super génial. Je n'aurai pas pu avoir un rôle pareil dans un film français ou autre. Voilà, donc c'est dans ce sens que c'est un film très important pour moi. En plus il m'a permis de rencontrer la grande famille du cinéma africain parce que je n'étais pas vraiment dans le milieu. J'avais certes travaillé avec des réalisateurs français ou des metteurs en scène, parce que j'ai fait aussi beaucoup de théâtre, et c'est pour la première fois que je travaille avec un réalisateur africain. Ce film m'a donc ouvert beaucoup de portes ne serait-ce que des contacts professionnels pour plus tard. Il y a déjà des choses qui se préparent grâce à ce film. Et puis pour présenter le film, j'ai beaucoup voyagé.

Y a-t-il un festival qui t'a particulièrement marquée en accompagnant ce film ?

En premier je dirai le FESPACO. Là j'ai été agréablement surprise par l'effervescence et l'amour de la population pour le cinéma. C'était la première fois que j'allais à ce festival. J'en avais un peu entendu parler. À la vue de l'engouement du public pour le film, il y a eu trois projections et il y avait à chaque fois autant de monde dehors que dedans. C'est dire combien ce film était attendu et apprécié. Donc le FESPACO a été le premier à m'aider à mettre les pieds à l'étrier. Mais tout récemment au festival de Tarifa [en Espagne] l'ambiance était superbe aussi. Les organisateurs étaient d'une sympathie et d'une écoute excellentes.

Comment es-tu arrivée à ce niveau. Comment es-tu arrivée au cinéma et comment as-tu forgé ta carrière jusqu'à ce film ?

Je ne suis pas arrivée au cinéma par hasard parce que je faisais déjà du théâtre. Je vis à Paris depuis huit ans et il y a quatre ans j'ai passé une audition pour jouer avec une réalisatrice française, Nathalie Loubert. Le projet est sélectionné par Émergence, une structure d'aide aux jeunes réalisateurs qui sont à leur premier film. Chaque année ils choisissent six ou sept réalisateurs et les aident à monter une ou deux scènes de leurs films. Et avant le projet de Cheikh [Fantamady Camara], j'ai fait un court métrage dans ce cadre-là où j'ai fait un pilote avec Claude Brasseur. Émergence a gardé mes coordonnées et chaque fois qu'il y avait un auteur qui cherchait une comédienne dont le profil était proche du mien, ils lui communiquaient mes coordonnées. C'est ainsi que j'ai rencontré Cheikh.

Donc c'est aussi un peu le hasard ?

Initialement Cheikh avait une comédienne mais elle n'était pas disponible au moment du tournage du pilote. Il m'a contactée et a été très honnête avec moi en me disant qu'il a déjà une actrice et m'a demandé si j'acceptais de venir juste pour le pilote. J'ai accepté. Deux semaines après le tournage, il m'a rappelée pour me demander de jouer dans le film. C'était un superbe cadeau. Car ce sera un rôle clé pour toute ma carrière.

Est-ce que tu crois que le fait d'être installée à Paris est très utile pour une actrice africaine ?

Oui je le crois. Déjà au niveau des structures, il y a plus d'encadrement, plus d'écoles... On sait de quoi on parle. Quand tu dis je suis actrice ou comédienne tu as des répondants, des structures qui sont toutes oreilles pour t'écouter. Et au niveau opportunité, bien sûr, il y en a plus. La plupart des réalisateurs africains vivent en Europe. Donc les projets sont créés en Europe bien que beaucoup soient tournés en Afrique. Vivre en Europe permet d'entrer plus facilement en contact avec les gens. Souvent Ils vont en Afrique le casting déjà fait, du moins pour l'essentiel. Puis ils prennent les rôles secondaires sur place. C'est aussi plus de possibilité pour apprendre. C'est un cadre et des structures adaptées.

En tant que femme professionnelle du cinéma est-ce que tu rencontres des problèmes, disons plus spécifiques par rapport aux collègues hommes ?

Je pense que les difficultés sont partout les mêmes pour nous tous. Qu'on soit comédien ou comédienne nous sommes logés à la même enseigne. C'est plutôt difficile quand on est Africain tout simplement. II n'y a pas de rôle pour nous dans des productions européennes. Ou quand il y en a c'est des rôles clichés.

Est-ce que tu as assez de contacts avec tes pays d'origine : la Côte d'Ivoire et le Bénin pour avoir une idée sur ce qui s'y passe dans le milieu cinématographique ?

Au Bénin je sais qu'il y a une nouvelle génération de réalisateurs. C'est la même chose un peu partout en Afrique de l'Ouest. Parce que de toute façon je me définis comme Africaine tout simplement. Je travaille avec des gens venant de partout : Congo, Mali, Sénégal,... D'une manière générale il y a une effervescence en Afrique et je pense qu'on va avoir de plus en plus de films. Au Bénin, je sais que l'État est très engagé pour la culture cette année pas seulement au niveau textes et forums, mais matériel aussi. Je sais qu'il y un fonds destinés à l'aide aux productions audiovisuelles qui a été créé. L'État a fait des démarches pour faire venir et projeter Africa Paradis, le film de Sylvestre Amoussou au Bénin. Je crois aussi que le même réalisateur est en train de préparer le tournage de son prochain film qui sera tourné au Bénin. Je ne suis pas au fait de tout ce qui se passe de près mais il y a de l'espoir.

propos recueillis par
Hassouna Mansouri

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