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Festival de Taormina 2009 (Sicile)
Au dessous du volcan
critique
rédigé par Azzedine Mabrouki
publié le 13/06/2009
Catherine Deneuve, au festival de Taormina 2009
Catherine Deneuve, au festival de Taormina 2009
Casanegra
Casanegra
Nour-Eddine Lakhmari (2008)
Nour-Eddine Lakhmari (2008)
Casanegra, Storyboard de Naoufal Lhafi
Casanegra, Storyboard de Naoufal Lhafi
Casanegra, Storyboard de Naoufal Lhafi
Casanegra, Storyboard de Naoufal Lhafi
Casanegra, Storyboard de Naoufal Lhafi
Casanegra, Storyboard de Naoufal Lhafi
Casanegra, Storyboard de Naoufal Lhafi
Casanegra, Storyboard de Naoufal Lhafi
Casanegra
Casanegra
Nour-Eddine Lakhmari (2006)
Nour-Eddine Lakhmari (2006)

La cité sicilienne de Taormina vit à l'heure du cinéma méditerranéen à l'occasion de la tenue de son 55° Festival International du film organisé par Taormina Arte, dont l'invitée d'honneur cette année est la star française Catherine Deneuve.

Il n'existe nulle part une ville aussi belle que Taormina en Sicile. La ville est située au dessous de l'Etna, mais sans crainte du volcan une foule de visiteurs se presse dans ce très séduisant perchoir méditerranéen. La nuit venue, sous le ciel étoilé, c'est sur l'écran géant du Teatro Antico que chacun peut suivre le programme du festival. A Taormina, une des raisons de l'afflux des spectateurs c'est que l'entrée est bon marché.

De jour en jour, en Italie, la rumeur court, s'enfle, gagne du terrain sur la vie privée de Silvio Berlusconi marquée par une persistante odeur de scandale. Mais ici, à Taormina, ce qui se passe à Rome glisse à travers le luxuriant décor de la cité sans inquiéter personne. Taormina étant un rendez-vous sicilien important pour l'art, le rite cinéphilique quotidien se partage d'ici le 20 juin en projections-débats, master-class,et quelques fois virées sur les plages splendides du coin en quête de plongées sous l'étincellant soleil de la Sicile. La nuit, au hit-parade des fêtes données à l'occasion du festival de Taormina,il y a celle à la villa de Valguanera par Abu Dhabi Culture and Heritage Authority et le Middle East International Film Festival, désormais associés à Taormina Arte.

L'Italie, pays de grands cinéastes comme Moretti, Olmi, Bellocchio, Sorrentino, attire de plus en plus les pays arabes du Golfe qui investissent désormais aussi dans l'art et la culture.
Voir la fameuse création d'une annexe du Musée du Louvre à Abu Dhabi. Le rapprochement entre Taormina Arte et Abu Dhabi est le signe heureux que la politique xénophobe de la "Ligue du Nord" en Italie ne passe pas par la Sicile.

Cette année, sous la direction de Déborah Young, journaliste et critique américaine vivant à Rome, une passionnée du cinéma arabe (et de la Casbah d'Alger !), le festival de Taormina confirme sa montée en puissance par rapport aux autres festivals italiens de Venise, Rome et Turin. La grille des programmes indique qu'il y a simultanément des projections à Taormina, Palerme, Syracuse et Palma de Montechiaro.

Le festival de Taormina ne s'interdit pas de montrer des productions du Brésil ou des Etats-Unis mais c'est essentiellement le cinéma méditerranéen qu'on montre ici chaque année. Le grand prix (Taureau d'or) cette année sera remis à un film parmi les huit en compétition venus du Maroc, Syrie, Turquie, Egypte, Italie, Espagne, Israel, France. Deux cinéastes arabes au moins désignés comme originaux et talentueux font partie de la sélection officielle : l'Égyptien Magdy Ahmed Ali qui présente Khaltet Fawzia et le Marocain vivant en Norvège Nourredine Lakhmari dont le solide et cohérent portrait mêlant réalité et fiction de Casablanca dans Casanegra (déjà primé à Dubai) a profondément secoué un très large public de son pays.

Parmi tant de productions marocaines aussi nombreuses que ternes sorties récemment,on pouvait immédiatement identifier et apprécier Casanegra comme une oeuvre anti-académique, absolument singulière dans le paysage du cinéma maghrébin. Remettant une réalité choquante en scène, Nourredine Lakhmari a fait preuve d'une habileté géniale dans sa vision déchirante de la situation de la capitale financière de son pays, avec l'extrême injustice sociale qui y règne,avec son lot chaque jour plus important de marginaux, de déracinés, de débris humains. Une vision à faire frémir Mohammed Choukri lui-même (que Dieu ait son âme).

Bref, Casanegra a raté de peu le grand prix à Dubai. Ce film qui fonctionne comme l'anti-cliché du Maroc vanté dans les pubs touristiques avait beaucoup frappé le public émirati aussi. Voir Casablanca comme aucun riche touriste arabe du Golfe ne l'a jamais vue. Comme celui qui fait un safari au Kenya ne soupçonnant même pas l'existence du terrible bidonville de Kibéra prés de Nairobi.

Quasi invisible depuis les oeuvres de Mohamed Malas, le cinéma syrien est donc présent à Taormina et on attend beaucoup de Al Lail Al Tawil (La longue nuit) de Hatem Ali en compétition. En marge, il y aura aussi un aperçu des courts métrages produits dans le Golfe et ramenés d'Abu Dhabi par Peter Scarlet, ancien directeur du festival de Tribeca à New York et désormais nouveau directeur du Middle East International Film festival.

Azzedine Mabrouki

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