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Ramata, de Léandre-Alain Baker
Un film d'une grande poésie
critique
rédigé par Saïdou Alceny Barry
publié le 29/07/2009
Saïdou A. Barry
Saïdou A. Barry
Léandre-Alain Baker
Léandre-Alain Baker
Katoucha Niane
Katoucha Niane
Viktor Lazlo
Viktor Lazlo
Photo d'équipe avec Nadine Otsobogo (maquilleuse), Makhète Diallo (assistant caméra), Léandre baker (réalisateur) et François Kuhnel (directeur de la photo).
Photo d'équipe avec Nadine Otsobogo (maquilleuse), Makhète Diallo (assistant caméra), Léandre baker (réalisateur) et François Kuhnel (directeur de la photo).
Ismaila Cissé (le riche Matar Samb)
Ismaila Cissé (le riche Matar Samb)
Katoucha Niane
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Oumar Seck
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Wasis Diop
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Abasse Ndione, romancier
Abasse Ndione, romancier
Moctar Ndiouga BÂ, producteur
Moctar Ndiouga BÂ, producteur
Katoucha NIANE
Katoucha NIANE

Le film s'ouvre sur Ramata (Katoucha Niane) debout seule face à l'océan, dos à la caméra, le regard au loin. Ensuite, on nous la montre, gisant sur les galets, morte. Le reste du film déroule sur le mode du flash back le fil de cette existence hors du monde.

Ramata, c'est l'histoire d'une solitude. Une immense solitude née d'une passion dévastatrice. Une nuit, Ramata, cinquantenaire à la beauté de déesse comme Néfertiti, la reine égyptienne qu'elle porte en médaillon autour du cou croise un voyou de vingt cinq ans, Ngor Ndong (Ibrahima Mbaye) au volant d'un taxi volé. Avec lui, Ramata, dont le corps jamais n'a vibré de plaisir découvrira l'acmé de la jouissance. Prête à tout pour revivre cette explosion de sens dans son corps, elle renoncera à tout. À sa vie dorée d'épouse du Ministre de la justice, à sa fille et son petit fils, à l'existence dorée qu'elle - fille de basse extraction - a acquis en épousant le richissime Matar Samb. Ramata plaque tout, s'emmure au Copacabana, le bar où Ngor Ndong l'avait amenée la nuit de leur rencontre. Là, elle attendra l'improbable retour du jeune voyou. Jusqu'à la folie, jusqu'à la mort.

Ce premier long métrage de Léandre-Alain Baker est servi par des images magnifiques et sans maniérisme. Les personnages hiératiques sont filmés dans une atmosphère crépusculaire. Dans des paysages évanescents, entre brume et clair-obscur, un ballet de destinées se croisent, des corps se frôlent, se brûlent et s'estompent comme des ombres. Ce film est une symphonie tragique où le laconisme des dialogues et la musique de Wasis Diop sont cernés des nappes de silence qui lui donnent une résonance tout en mélancolie. Et un air de tragédie grecque.
Ramata, c'est une Phèdre noire et toute cette histoire baigne dans une sorte de fatum. Qu'est-ce qui met Ngor Ndong sur la trajectoire de Ramata ? Qu'est-ce qui fait se rencontrer le vieil homme qui raconte la vie de Ramata et le jeune homme à la parka au Copacabana? Les personnages sont-ils les outils d'une vengeance entre les mains du destin ? Sans le savoir, soldent-ils un vieux crime non expié? La fin du film offrira la clé aux cinéphiles.

Ramata est un film d'une grande poésie. Mais ceux qui ont lu le roman d'Abasse Diome auront le sentiment que le réalisateur congolais a couché ce foisonnant polar dans le lit de Procuste. Évacué l'ancrage culturel lébou du roman, dessouchés les personnages dont le roman explicitait les motivations profondes. Disparu aussi le Dakar des bas quartiers grouillant de vie et de violence qui irriguait l'intrigue. Reste l'histoire poignante d'une belle femme qui voulut vivre librement l'appel du corps. Ramata préfigure-t-il le nouveau chantier du féminisme africain ? Celui de la libération sexuelle.

BARRY Saidou Alceny

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