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Les Blancs aussi font des rêves, de Terry Westby-Nunn
Hymne à l'intégration socioculturelle !
critique
rédigé par Espéra Donouvossi
publié le 03/08/2009
Espéra Donouvossi
Espéra Donouvossi
White people also dream: The shamanic journey of a sangoma
White people also dream: The shamanic journey of a sangoma
Terry Westby-Nunn
Terry Westby-Nunn
Les Blancs aussi font des rêves
Les Blancs aussi font des rêves
White people also dream
White people also dream
DIFF 2009 (Durban)
DIFF 2009 (Durban)

À première vue, on peut se dire que plusieurs Blancs en destination touristique en Afrique explorent des couvents sacrés et se font initier par curiosité. Mais ce documentaire nous situe au-delà d'une impression touristique et révèle l'émergence d'une nouvelle génération sud-africaine qui brise des barrières importantes socioculturelles.

L'histoire en elle-même n'est pas extraordinaire, mais c'est le contexte qui porte sa réalisation qui lui concède tout son caractère hors du commun.
Avant d'aborder ce documentaire de 50 minutes réalisé par la jeune Sud-Africaine Terry en 2009, il faut d'abord rappeler deux choses:
La première : l'apartheid a duré plusieurs décennies en Afrique du Sud. Cela a engendré une manifeste différence raciale et culturelle où les Noirs et les Blancs ne partagent pas les mêmes religions ni la même culture.
Ensuite la deuxième chose c'est que depuis 1994 où la République d'Afrique du Sud a recouvré sa liberté, des querelles raciales et culturelles n'ont pas su s'effacer pour donner place à un véritable pardon ainsi qu'à une réelle intégration socioculturelle entre Sud-africains noirs et blancs.
Même si les Blancs et Noirs partagent légalement plusieurs choses, il importe de souligner que les langues, les cultures et les religions ne sont pas encore totalement partagées. La vie dans les townships en dit bien long.

On sort donc des clivages quand une jeune Blanche sud-africaine se laisse initier aux cultes ancestraux des noirs et adhère à une certaine spiritualité basée sur la protection et la guérison fondée sur les cultes voués aux esprits des ancêtres.
Et c'est justement là que nous emmène la caméra de Terry Westby-Nunn qui pendant une cinquantaine de minutes renseigne sur les raisons qui ont conduit une jeune blanche à adhérer au Sangoma, une culture noire Xhosa d'Afrique du Sud.

Dans un mélange de reportage et d'interviews, la réalisatrice plonge son public dans une histoire cultuelle et culturelle extraordinaire.

Dans un rêve, Shirla voit d'horribles choses inexplicables tachetées de sang et agitées par l'océan. Elle se fera interpréter son rêve et ne s'opposera point à une proposition de devenir Sangoma. Elle change son nom d'origine et devient Noyibule, son nom d'initiée et future adepte de Sangoma qu'elle va porter toute sa vie.

Le Sangoma comme le Vodoun, est un culte voué aux esprits des ancêtres pour implorer protection, prospérité et guérison. Sa pratique est fondamentalement basée sur les incantations, des chants spirituels, les plantes et du sang d'animaux. Il est pratiqué en Afrique du Sud par les Noirs et bien reparti dans les zones rurales.

La réalisatrice et son équipe de tournage ont parcouru 1300 kilomètres pour aller filmer les cérémonies d'initiations au Sangoma.

Pour la nouvelle adepte de Sangoma, Nobuyile, cette initiation a permis de retrouver un certain équilibre de vie. "Après cette initiation, j'ai trouvé un bon emploi en tant que graphic designer. Je me suis mariée, ce qui était presque impossible. Depuis lors, je puis dire aussi que j'ai une certaine maîtrise de mon corps par une tranquillité spirituelle. Sangoma a été la solution à mes problèmes".
D'un tel témoignage d'une Blanche sud-Africaine sur la culture noire en Afrique du Sud, nous sommes en mesure de montrer un pays où s'enracine la pleine acceptation de l'un et l'autre. Ce documentaire est un témoignage vivant sur la nouvelle génération qui germe en Afrique du Sud.
Le soutien des parents venus assister aux cérémonies et de son partenaire est le signe qu'aucune résistance ne s'observe contre les jeunes qui brisent des barrières cultuelles, culturelles et sociolinguistiques pour faire une unité nationale.

Dans ce modeste documentaire, la réalisatrice a fait preuve d'un bon usage de la musique. À chaque instant ou il s'agit de parler de Sangoma, la musique utilisée est bien spirituelle et rituelle. Mais quand la réalisatrice montre leur longue et difficile traverse vers les lieux cérémoniaux, la musique qui s'accorde bien avec les difficultés de traversée. Elle a choisi le Reggae qui est une musique de combat.

Ce documentaire réalisé en 3 mois avec une mini caméra est en sélection à la 30ème édition du festival international de cinéma de Durban. Après chaque projection, tombe une pluie de curieuses questions qui prouvent à chaque moment comment ce film a intéressé le public diversifié.

Espéra Donouvossi

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