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Entretien avec Sanvi Panou, président du jury du long métrage du festival Quintessence 2011
"Les films primés ne sont pas nécessairement les meilleurs"
critique
rédigé par Rodéric Dèdègnonhou
publié le 13/01/2011
Rodéric Dèdègnonhou
Rodéric Dèdègnonhou
Quintessence 2011, Ouidah
Quintessence 2011, Ouidah
Sanvi Panou
Sanvi Panou

Acteur boulonnant du secteur cinématographique au Bénin et en Europe, Sanvi Panou a reçu pour mandat de présider le jury du grand prix du festival international du film de Ouidah Quintessence édition 2011. Quelques heures après cette célébrité, Sanvi Panou, réalisateur béninois a reconnu la lourde tâche qui incombe cette responsabilité. C'était le vendredi dernier au village du festival Quintessence que ; Sanvi Panou a exploré les grandes lignes de sa mission à travers une interview.

Présentez-vous aux lecteurs.

Je suis Sanvi Panou, acteur d'origine. Je suis devenu réalisateur, producteur de film. J ‘ai eu ce bonheur d'avoir créé cet espace - destiné à la promotion et à la diffusion des films de la culture noire à Paris - qui s'appelle Images d'ailleurs où on diffusait entre 18 et 20 films par semaine. J'ai arrêté cette activité parce qu'elle m'a pris assez de temps : au moins 20 ans de ma vie.
Actuellement, je continue à faire de la production, à réaliser des films. Ma dernière réalisation est une série qui s'intitule "Deuxième bureau" qui passe sur plusieurs chaînes de télévisions en Afrique.

Quelles sont vos impressions en tant que président du jury long métrage de Quintessence 2011 ?

"Ecoutez, je suis très ému d'être désigné pour présider le jury long métrage. C'est quand même le jury suprême dans les rencontres cinématographiques de haut niveau. D'autant plus que j'ai eu le privilège d'être primé au cours de la première édition de ce festival avec un film qui s'appelle "Pressions". Donc, pour moi, ce n'est qu'un retour de situations et j'en suis fier.
Bon… maintenant, c'est vrai que le cinéma a besoin d'être réhabilité parce que la prolifération du numérique - à travers les vidéos et les Dvd - affaiblisse complètement la vision cinématographique. C'est avant tout une communion et une réflexion commune autour d'une œuvre ; comme si nous allions célébrer ensemble quelque chose. Le cinéma c'est quelque chose qui est assez exceptionnelle qui n'a rien à avoir avec les films de télévision.
Ce que je constate aussi, c'est que la nouvelle génération qui a aujourd'hui entre 15 ou 20 ans n'a jamais mis les pieds dans une salle de cinéma, notamment ici au Bénin, puisque nous n'avons plus de salles de cinéma. Cela nous déchire et nous amène à réfléchir sur l'avenir du cinéma en salles. Puisque, quand il s'agit du cinéma, il vaut mieux parler de salles et à ce niveau là, il y a un gros travail à faire sur l'ensemble du continent "

Comment comptez-vous faire, pour ne pas décevoir le public, concernant le choix de la meilleure réalisation à Quintessence édition 2011 ?

"Mais !... c'est trop tôt pour moi de vous dire le type de film qui sera retenu. Nous n'avons pas encore commencé les projections. C'est une question un peu anticipée, mais le devoir d'un jury c'est d'être le plus honnête du monde, et puis surtout de favoriser la création, de favoriser le risque et l'audace, et enfin de favoriser la découverte. Donc, ce sont les différents critères sur lesquels nous allons nous appuyer pour pouvoir définir les meilleurs films de cette édition"

Pouvez-vous nous dire les faveurs qui ont conduit à votre choix comme président du jury long métrage de Quintessence ?

"Vous savez, cela fait plus de quarante années que je fais ce métier. J'ai commencé comme acteur au théâtre, acteur au cinéma, j'ai fait des films avec de grands réalisateurs comme Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Mocky. J'ai fait également des films en tant qu'acteur principal avec des acteurs tels que Jacques Perrin. J'ai fait un film intitulé "Le sang du flamboyant" [réalisé par François Migeat, Martinique, 1981, Ndlr] qui a fait le tour du monde et j'ai été président du jury au Fespaco. Donc, aujourd'hui, si on me nomme président du jury au festival Quintessence, je pense que c'est une suite assez honorable par rapport à ma carrière."

Un mot pour rassurer le public, les festivaliers et les réalisateurs en ce qui concerne votre délibération du 11 janvier prochain.

"Ce que je crois, il faut que le public vienne massivement voir les films. Parce que le concours des spectateurs peut vraiment jouer sur les décisions ; puisque nous visualisons les films en présence du public. Et aussi il faut que le public vienne découvrir tous les films. Parce que vous savez que les films primés ne sont pas nécessairement les meilleurs films ; ce sont des films qui ont attiré la sensibilité et le cœur des membres du jury.Mais ce n'est pas une attitude qui sanctionne les autres films. Il faut que les compétiteurs se mettent dans la tête que ne pas être primé dans un festival ne veut pas dire nécessairement ne pas être reconnu."

Propos recueillis par
Rodéric Dèdègnonhou,
journaliste à l'Agence Bénin Presse (ABP)

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