Acteur boulonnant du secteur cinématographique au Bénin et en Europe, Sanvi Panou a reçu pour mandat de présider le jury du grand prix du festival international du film de Ouidah Quintessence édition 2011. Quelques heures aprÚs cette célébrité, Sanvi Panou, réalisateur béninois a reconnu la lourde tùche qui incombe cette responsabilité. C'était le vendredi dernier au village du festival Quintessence que ; Sanvi Panou a exploré les grandes lignes de sa mission à travers une interview.
Présentez-vous aux lecteurs.
Je suis Sanvi Panou, acteur d'origine. Je suis devenu rĂ©alisateur, producteur de film. J âai eu ce bonheur d'avoir créé cet espace - destinĂ© Ă la promotion et Ă la diffusion des films de la culture noire Ă Paris - qui s'appelle Images d'ailleurs oĂč on diffusait entre 18 et 20 films par semaine. J'ai arrĂȘtĂ© cette activitĂ© parce qu'elle m'a pris assez de temps : au moins 20 ans de ma vie.
Actuellement, je continue à faire de la production, à réaliser des films. Ma derniÚre réalisation est une série qui s'intitule "DeuxiÚme bureau" qui passe sur plusieurs chaßnes de télévisions en Afrique.
Quelles sont vos impressions en tant que président du jury long métrage de Quintessence 2011 ?
"Ecoutez, je suis trĂšs Ă©mu d'ĂȘtre dĂ©signĂ© pour prĂ©sider le jury long mĂ©trage. C'est quand mĂȘme le jury suprĂȘme dans les rencontres cinĂ©matographiques de haut niveau. D'autant plus que j'ai eu le privilĂšge d'ĂȘtre primĂ© au cours de la premiĂšre Ă©dition de ce festival avec un film qui s'appelle "Pressions". Donc, pour moi, ce n'est qu'un retour de situations et j'en suis fier.
Bon⊠maintenant, c'est vrai que le cinĂ©ma a besoin d'ĂȘtre rĂ©habilitĂ© parce que la prolifĂ©ration du numĂ©rique - Ă travers les vidĂ©os et les Dvd - affaiblisse complĂštement la vision cinĂ©matographique. C'est avant tout une communion et une rĂ©flexion commune autour d'une Ćuvre ; comme si nous allions cĂ©lĂ©brer ensemble quelque chose. Le cinĂ©ma c'est quelque chose qui est assez exceptionnelle qui n'a rien Ă avoir avec les films de tĂ©lĂ©vision.
Ce que je constate aussi, c'est que la nouvelle génération qui a aujourd'hui entre 15 ou 20 ans n'a jamais mis les pieds dans une salle de cinéma, notamment ici au Bénin, puisque nous n'avons plus de salles de cinéma. Cela nous déchire et nous amÚne à réfléchir sur l'avenir du cinéma en salles. Puisque, quand il s'agit du cinéma, il vaut mieux parler de salles et à ce niveau là , il y a un gros travail à faire sur l'ensemble du continent "
Comment comptez-vous faire, pour ne pas décevoir le public, concernant le choix de la meilleure réalisation à Quintessence édition 2011 ?
"Mais !... c'est trop tĂŽt pour moi de vous dire le type de film qui sera retenu. Nous n'avons pas encore commencĂ© les projections. C'est une question un peu anticipĂ©e, mais le devoir d'un jury c'est d'ĂȘtre le plus honnĂȘte du monde, et puis surtout de favoriser la crĂ©ation, de favoriser le risque et l'audace, et enfin de favoriser la dĂ©couverte. Donc, ce sont les diffĂ©rents critĂšres sur lesquels nous allons nous appuyer pour pouvoir dĂ©finir les meilleurs films de cette Ă©dition"
Pouvez-vous nous dire les faveurs qui ont conduit à votre choix comme président du jury long métrage de Quintessence ?
"Vous savez, cela fait plus de quarante années que je fais ce métier. J'ai commencé comme acteur au théùtre, acteur au cinéma, j'ai fait des films avec de grands réalisateurs comme Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Mocky. J'ai fait également des films en tant qu'acteur principal avec des acteurs tels que Jacques Perrin. J'ai fait un film intitulé "Le sang du flamboyant" [réalisé par François Migeat, Martinique, 1981, Ndlr] qui a fait le tour du monde et j'ai été président du jury au Fespaco. Donc, aujourd'hui, si on me nomme président du jury au festival Quintessence, je pense que c'est une suite assez honorable par rapport à ma carriÚre."
Un mot pour rassurer le public, les festivaliers et les réalisateurs en ce qui concerne votre délibération du 11 janvier prochain.
"Ce que je crois, il faut que le public vienne massivement voir les films. Parce que le concours des spectateurs peut vraiment jouer sur les dĂ©cisions ; puisque nous visualisons les films en prĂ©sence du public. Et aussi il faut que le public vienne dĂ©couvrir tous les films. Parce que vous savez que les films primĂ©s ne sont pas nĂ©cessairement les meilleurs films ; ce sont des films qui ont attirĂ© la sensibilitĂ© et le cĆur des membres du jury.Mais ce n'est pas une attitude qui sanctionne les autres films. Il faut que les compĂ©titeurs se mettent dans la tĂȘte que ne pas ĂȘtre primĂ© dans un festival ne veut pas dire nĂ©cessairement ne pas ĂȘtre reconnu."
Propos recueillis par Rodéric DÚdÚgnonhou, journaliste à l'Agence Bénin Presse (ABP)

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