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Cinéastes africains et censeurs : l'autocratie toujours !
Une mise au point de Jean-Marie Teno
analyse
rédigé par Jean-Marie Teno
publié le 11/10/2003

ANASTASIE était la présidente de la GUILDE, mais nous ne le savions pas jusqu'à ce mardi 23 septembre 2003 où elle a sorti ses ciseaux, censuré l'éditorial du bulletin de la GUILDE et finalement, prenant goût à cet exercice, elle a décidé de suspendre la parution du bulletin.
C'est pour cette raison que le bulletin de la GUILDE prévu pour le Festival de Namur n'a pas paru. Car il a été censuré par la Présidente de la GUILDE.
Etant en désaccord avec les méthodes autocratiques du bureau actuel de la GUILDE, j'ai choisi de quitter cette association dans laquelle désormais, les intérêts de quelques uns semblent primer sur l'intérêt collectif.
Voici l'éditorial qui a été censuré :

SOLIDAIRES OU SOLITAIRES
Deux ans après notre première rencontre avec les institutions qui financent le cinéma africain au festival de Namur, nous revoici à Namur, prêt à rencontrer la critique. Autant la première rencontre était importante pour marquer notre présence, autant celle-ci semble problématique. Si l'esprit de notre travail de cinéaste se reflète dans la subjectivité et l'impertinence du regard que nous portons sur nos sociétés respectives avec nos images, alors que nous importe le regard des critiques du " cinéma africain " sur notre travail ? D'autant plus que le regard de certains critiques, bien plus que le nôtre, semble en perpétuelle quête de sens et s'illustre souvent par son besoin d'exister, par la pauvreté de son analyse et par son incapacité à placer en perspective le propos des cinéastes quand ce propos existe.
Alors, rencontrer la critique, pour répondre de vive voix à certaines remarques déplaisantes ou pour sympathiser et anticiper sur de prochaines critiques plus amicales ?
L'idée de la rencontre avec la critique était-elle opportune au moment où la Guilde brille par son silence face aux enjeux essentiels de notre cinéma, parmi lesquels la " sectarisation " de notre cinéma dans lequel plus que jamais, une notion floue d'africanité se dessine en fonction du lieu de résidence des cinéastes.
Les bons Africains seraient ceux qui dans l'anti chambre des palais africains pactisent avec les affameurs des peuples alors que les faux Africains se compteraient parmi tous ces Africains, exclus des médias en Europe, qui vivent dans les banlieues, les quartiers populaires des grandes villes et dans certains villages d'Europe.
Tout ceci ne ressemblerait pas à une farce si certains d'entre nous, co-optés (en leur nom propre ou au nom de la guilde ?) par certaines institutions pour faire partie de commissions, ne faisaient qu'entériner malgré eux ces politiques, introduisant une scission dans la profession et éloignant ainsi la perspective d'un cinéma de qualité pour le continent, tant il est évident que ces institutions à elles seules ne parviendraient à financer que des films d'un certain niveau de qualité. Une situation qui place la Guilde, cet outil de lutte pour la défense collective de nos intérêts, dans une situation bien embarrassante. De la solidarité que nous nous étions fixée comme objectif premier dans la guilde, ne sommes nous pas progressivement en train de glisser vers la " solitarité " : on fait comme si on était ensemble, on fait croire au reste du monde qu'on est ensemble et pourtant, entre nous c'est chacun pour soi… comme d'habitude.
Jean-Marie Teno

Avant de tirer ma révérence, je livre à la réflexion générale cette question que m'inspire cet évènement :
Enfants d'autocrates, votre destin est-il de devenir autocrates à votre tour ?

Jean-Marie Teno

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