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Maroc, le défi des courts métrages
analyse
rédigé par Amina Barakat
publié le 08/10/2012

Avec plus d'un court métrage par semaine et un long métrage tous les 15 jours, le Maroc est le poids lourd des cinémas africains avec l'Afrique du Sud et l'Egypte.

Le Maroc se trouve parmi les premiers pays producteurs du cinéma, particulièrement en ce qui concerne le court métrage. Il compte à son effectif plus de 154 réalisateurs et réalisatrices qui produisent entre 70 à 80 courts métrages par an. Ajoutons-y un nombre de 20 à 25 longs métrages annuellement, ce qui lui donne une place privilégiée dans le domaine du 7ème art.





CASA (2006) st fr from Benkirane Ali on Vimeo.

Casa, d'Ali Benkirane, 2006, VOST fr (film intégral)



Le court métrage, l'école du cinéma



La plupart des jeunes réalisateurs estiment que le court métrage est un visa obligatoire de passage au long métrage. En outre, c'est une étape très riche en expérience qui permet au réalisateur de pouvoir travailler avec une équipe. Cette assurance acquise, il peut développer plus sereinement un projet de long métrage.  En plus, avoir fait au moins trois courts métrages est l'un des critères pour avoir la carte professionnelle de réalisateur de long métrage.



Fabriquer un court métrage n'est pas aussi facile. Car il doit présenter certains critères qui sont pratiquement les mêmes (mise en scène, décor, technique, production) que ceux d'un long métrage. Par contre, le court doit raconter l'histoire en un minimum de temps.





Bande annonce Il neige à Marrakech par Premium-films-Tv

Il neige à Marrakech, de Hicham Alhayat, 2006 (Bande-annonce du film)





De multiples facteurs ont joué dans l'essor du cinéma marocain.



De nouveaux réalisateurs, une production dynamique, des festivals éclectiques et des fonds d'aide bien dotés sont les atouts de la vitalité du court métrage marocain.


Actuellement, il y a de plus en plus d'acteurs et d'actrices qui passent derrière la caméra. Ils viennent donc s'ajouter à ceux qui avaient déjà fait ce choix aussi : Rachid El Ouali, Driss Roukh, Mohamed Miftah ou Sanaa Akroud [notre photo]. Ces fabricants de films courts commencent à rivaliser avec leurs aînés, non seulement par le nombre de films qu'ils produisent, mais aussi par les festivals qui leur sont consacrés.



Notons le Festival du court métrage méditerranéen de Tanger (FCCMT) qui se tient annuellement depuis 2002. Dans cette ville située au nord du pays, les courts métrages des deux rives de la méditerranée se donnent rendez-vous. Quant au festival du court métrage international de Tiznit se déroule au sud du Maroc en mars (après sa toute première édition en 2011 durant le mois de janvier).





Flou, de Youssef Britel, 2008 (film intégral)



Il y a également le Festival national du court métrage amateur de Chefchaoun, point de rencontre des films environnementaux. Au bout de la 4ème édition, ce festival est passé de l'amateurisme au professionnalisme. Il veille à donner une touche spécifique à ses lauréats qui se penchent vers le documentaire.



Ajoutons-y un autre rendez-vous, aussi important que les précédents. Il s'agit du Festival de Rabat, visant pour sa part à mettre l'accent sur le potentiel qui existe parmi la jeune génération des cinéastes et leur capacité à faire du bon travail (sur le plan quantitatif et qualitatif). Cet investissement ne tarde pas à donner ses fruits : les cinéastes du royaume chérifien raflent les prix dans les multiples festivals internationaux et offrent au Maroc une renommée prestigieuse ;





Courte vie, de Adil El Fadili, 2010 (bande-annonce du film)





Les aides font fleurir la production



Un autre élément bénéfique à l'essor de cet art, qui ne cesse de séduire la nouvelle génération des écoles de cinéma, c'est principalement le fonds d'aide à la production créé en 1980. Dans le cinéma marocain, le court métrage a, bien sûr, sa part du gâteau. Cette politique a été déjà instaurée depuis des années ; elle est devenue importante et essentielle. Le fonds n'a pas arrêté d'évoluer et de pousser le cinéma national vers l'avant.

En 2001, une loi législative pour une industrie cinématographique a été votée. Ensuite, une nouvelle loi est venue concrétiser cette démarche en 2003. Il s'agit de la nouvelle règlementation du fonds visant à mettre fin au désordre qui régnait au niveau de la production. Donc il y a de plus en plus un contrôle sérieux au niveau des avances sur recettes, avant et après production.


D'autres fonds sont venus soutenir le court métrage. Tel celui du Festival international du film amazigh (Issni N'ough) qui a lancé à son tour un fonds d'aide destiné à encourager les jeunes cinéastes à faire des courts métrages qui respectent la culture et les valeurs amazighes. Le tri se fait au niveau de la sélection des 3 meilleurs scénarios qui répondent aux éléments d'évaluation.



D'autre part, la Fondation du Festival International du film de Marrakech (FIFM) a créé un concours de courts métrages, destiné aux élèves des instituts et écoles du cinéma au Maroc (l'école de cinéma de Ouarzazate, l'école des arts visuels de Marrakech, l'Institut spécialisé du cinéma et de l'audiovisuel de Rabat). Le premier concours a été lancé lors de la 10ème édition de ce festival, en 2010 et ce, dans le but de chercher de nouveaux talents dans le 7ème art.



Le prix qui revient au meilleur candidat s'élève à 300.000 dirhams (27.024,59 euros ; 1euro=11,10 dirhams). Ce qui lui permettra de réaliser son deuxième court métrage ; et la machine tourne. Tous ces mouvements et actions concernant l'encouragement au court métrage se passent sous la houlette du Centre Cinématographique Marocain (CCM, créé en 1944) avec comme directeur, Nour Eddine Sail, un vrai professionnel du cinéma qui a longtemps œuvré pour donner au 7ème art marocain la place qu'il mérite.



Chute des salles, le piratage, source de tous les maux ?



Malgré cette image très positive, il reste beaucoup à faire dans ce domaine. Soulignons quand même que ce secteur commence à se structurer, au niveau de la production et la réalisation. Il subsiste néanmoins des problèmes qui entravent en quelque sorte le cinéma national. Ainsi, le problème de la diffusion est toujours présent : le court métrage en souffre beaucoup plus que les films de long métrage. Le nombre des salles obscures diminue au fil des années ; le piratage des films est souvent présenté comme une des causes majeures.



En Septembre 2009, le président de la Chambre marocaine des salles de cinéma, Abdelhamid Marrakchi, contestait entre autres, le fait que le piratage ne fasse pas partie des axes prioritaires du contrat-programme 2010-2012, initié durant le mandat du Premier ministre Driss Jettou (2002-2007). "C'est quand même décevant d'entendre le directeur du CCM dire que même s'il faisait appel à une armée de soldats américains, ils ne parviendraient pas à contrer les pirates", confiait-il à nos confrères du quotidien Le Soir Echos (Casablanca), dans un article repris sur le site de l'association Save Cinemas in Marroco [à lire ICI]. En Janvier 2012, le même journal [à lire ICI] rapportait les propos alarmants de Hassan Belkadi, propriétaire des salles de cinéma ABC, Rif et Ritz à Casablanca.



Amina Barakat

Africiné, Rabat




En photo : L'actrice et réalisatrice marocaine Sanâa Akroud (c) DR

Amina Barakat
Africiné, Casablanca

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