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Open Doors 2012 : Du fric pour l'Afrique ?
analyse
rédigé par Claire Diao
publié le 27/08/2012

Du 3 au 7 août 2012, le 65e Festival du Film de Locarno, situé en Suisse italienne, a consacré son 10e programme Open Doors à 12 projets d'Afrique francophone sub-saharienne. L'occasion de développer les possibilités de financement des réalisateurs du Sud et de remettre les problèmes africains de production sur le devant de la scène.

  Alors que le réalisateur Mahamat-Saleh Haroun était le seul réalisateur à représenter l'Afrique dans la sélection officielle du festival (membre du jury de la section Cinéma du Présent) et qu'aucun film africain n'était cette année en compétition, le Festival du film de Locarno a de nouveau ouvert ses portes à l'Afrique.

 

Ce programme - qui avait valorisé en 2005 le Maghreb en excluant la Mauritanie et la Libye - met en lumière depuis 2003 des films provenant d'une région du monde dont le cinéma est en voie de développement. Des prix, décernés depuis 2006, permettent de contribuer financièrement au développement de certains projets sélectionnés.

 

21 films d'Afrique, 12 projets invités

 

En 2012, la 10e édition d'Open Doors a permis de promouvoir les cinémas d'Afrique auprès des spectateurs et des professionnels. Côté projection, ce sont 21 films du Sénégal, du Burkina Faso, de Côte d'Ivoire, de République Démocratique du Congo, du Mali, de Guinée, de Mauritanie, du Cameroun et du Congo qui firent salle comble durant le festival.

 

Si la plupart des pionniers des cinémas d'Afrique étaient programmés, on s'étonnera du fait que des auteurs lusophone (Flora Gomes) et français (Claire Denis) aient été programmés. Pourtant d'autres pays sélectionnés dans le cadre d'Open Doors (Madagascar, Île Maurice) brillaient par leur absence des écrans. De même, le fait de publier une critique de cinéma française (Elizabeth Lequeret) dans le programme officiel relègue une fois de plus les 300 membres de la Fédération africaine des critiques de cinéma - fondée en 2004 - à un anonymat de plus en plus désolant.

 

Côté professionnel - puisque comme tout grand festival, Locarno fait part belle à l'industrie du rêve - 12 projets étaient retenus. La triangulaire éternelle (Burkina Faso-Mali-Sénégal) était à l'ordre du jour. En effet, le Burkina présentait 3 projets (par Adama Sallé, Leslie Tô et Michel K. Zongo). Le Sénégal aussi était présent avec Pape Tall, Mati Diop et la productrice Angèle Diabang. Quant au Mali, il défendait 2 projets de Daouda Coulibaly (produit par le cinéaste Souleymane Cissé) et d'Aïssa Maïga, actrice qui passe derrière la caméra.

 

L'Afrique centrale n'était pas en reste puisque deux ténors du cinéma militant (Jean-Pierre Békolo et Jean-Marie Téno) étaient invités. Tout comme le sud francophone de l'Afrique, représenté par Madagascar (Laza) et l'Île Maurice (David Constantin). Avec 213 projets reçus, l'équipe de l'Open Doors peut se féliciter de la belle cuvée récoltée car, comme le souligne Martina Malacrida en charge du programme : " Vu la qualité des projets reçus, nous aurions presque pu en retenir 15 ".



































































































Les 12 projets de Open Doors 2012

Projet

Pays

Genre

Producteur - Pays

Etat du projet

Ailleurs

Leslie Tô

Burkina Faso

Fiction

Leslie Tô - Burkina Faso

En développement

Black Sunshine

Akosua A. Owusu

Sénégal/Ghana

Fiction

Angèle Diabang - Sénégal

En développement

De la rue à l'école

Pape Tall

Sénégal

Documentaire

Gora Seck - Sénégal

Ardèches Images - France

Tournage

Post-production

Faso Fani, la fin du rêve

Michel K. Zongo

Burkina Faso

Documentaire

Christian Lelong - France

Michel K. Zongo - Burkina Faso

Catherine Drolet - Canada

En développement

Fragments de vies

Laza

Madagascar

Documentaire

Laza - Madagascar

Tournage

Post-production

Il faut quitter Bamako

Aïssa Maïga

Mali

Fiction

Tom Dercourt - France

En développement

La prochaine fois, le Feu

Mati Diop

Sénégal

Fiction

Judith Lou Lévy - France

En développement

Ladji Nyè

Daouda Coulibaly

Mali

Fiction

Souleymane Cissé - Mali

En développement

Le Président

Jean-Pierre Békolo

Cameroun

Documentaire

Jean-Pierre Békolo - Cameroun

Tournage

Post-production

Lombraz Kan

David Constantin

Ile Maurice

Fiction

David Constantin - Ile Maurice

En développement

Pakitalaki, portrait d'une famille

Adama Sallé

Burkina Faso

Fiction

Sophie Salbot - France

Abissia Productions - Burkina Faso

En développement

Toutes voiles dehors

Jean-Marie Téno

Cameroun

Documentaire

Jean-Marie Téno - France

En développement





7 fictions, 5 documentaires, de prestigieux réalisateurs

 

Les réalisateurs retenus étaient pluriels : des actrices françaises Aïssa Maïga (Bamako, Les poupées russes) et Mati Diop (35 Rhums) aux cinéastes engagés Jean-Pierre Békolo (Quartier Mozart, Les saignantes) et Jean-Marie Téno (Le malentendu colonial, Lieux saints), en passant par d'autres jeunes auteurs tels que Michel K. Zongo (Espoir voyage) et Laza (L'idiot du village). Des cinéastes prometteurs repérés à travers le monde pour leurs courts-métrages ont aussi été retenus : Akosua A. Owusu (Me Broni Ba), Daouda Coulibaly (Tinyè So), Adama Salle (L'or blanc), David Constantin (Made in Mauritius) et Leslie Tô (Release). Finalement, aucun des 12 lauréats n'étaient inconnus, leurs précédents films ayant déjà circulé de Sundance à Berlin, du Fespaco à Rotterdam ou Toronto.

 

Au total, ce sont 7 fictions et 5 documentaires qui ont séduit le comité de sélection composé de Martina Malacrida et Nathalie Soldini du programme Open Doors (Suisse), Elizabeth Lequeret et Jean-Michel Frodon, critiques de cinéma (France).

 

Les 12 projets sont totalement différents ; 3 sont en fin de tournage, 9 en cours d'écriture. Ces 12 projets démontrant la vivacité des auteurs du continent, s'emparent de sujets brûlants et de questions de sociétés. On y parle ainsi d'animisme et de spiritualité (Ailleurs), d'albinisme (Black Sunshine) et de quête d'identité (Il faut quitter Bamako), d'enfance et de pauvreté (De la rue à l'école ; Pakitalaki, portrait d'une famille), de musicothérapie (Fragments de vies), de fermeture d'entreprises (Faso Fani, la fin du rêve ? ; Lombraz Kan), de destins individuels (La prochaine fois, le Feu ; Ladji Nyè), de religion (Toutes voiles dehors) et de politique (Le Président).

 

Si certains auteurs préparent leur passage au long-métrage (Daouda Coulibaly, Mati Diop, Akosua A. Owusu, Adama Sallé, Leslie Tô), d'autres basculent de la fiction vers le documentaire comme Jean-Pierre Békolo ou s'essaient directement au long-métrage comme Aïssa Maïga : " Le court ? Je ne sais pas l'écrire. Ça déborde, ça devient long tout de suite... Ce qui m'intéresse, c'est uniquement cette histoire ".

 

2 jours de formation,  2 jours de rendez-vous

 

L'intérêt d'un programme comme celui d'Open Doors et des marchés du film en général, c'est de pouvoir pitcher. Raconter brièvement son projet, attirer l'attention d'un producteur,  lever des fonds pour passer d'une idée... à du concret.

 

Pour se faire, le Festival du film de Locarno a convié une formatrice allemande, Sibylle Kurz, pendant deux jours pour former les 12 personnes sélectionnées. L'occasion pour chacun de présenter son projet et d'écouter les autres, le raconter. " C'était très intéressant, nous rapporte le réalisateur sénégalais Pape Tall. On se rend vite compte si la personne en face n'a pas compris notre projet. Et Sibylle Kurz a vite vu que notre projet était compliqué... "

 

De la rue à l'école, film documentaire de Pape Tall et du producteur Gora Seck, a déjà été en grande partie tourné. Un 52 minute existe et a été diffusé dans des écoles de Dakar, avec le soutien de l'unité mobile de projection MobiCiné. Un aspect qui interroge le producteur polonais Slawomir Ciok venu rencontrer le duo : " Qu'allez-vous ajouter au film, par rapport aux réactions des spectateurs ? "

 

Pour la majorité des invités, pitcher, c'est avancer dans son projet. À force d'expliquer son film à longueur de journées, on affine son discours et ses motivations. " J'ai passé le stade où je m'angoissais, raconte Christian Lelong, producteur français du réalisateur Michel K. Zongo. Ce sont les premières personnes à qui nous parlons du projet, d'une intention, d'une équipe. On voit que c'est là où ça réagit qu'il faut travailler ". Quelques mauvaises langues se demandent si certains producteurs ne sont pas uniquement là pour avoir l'hébergement gratuit (le festival ne prend pas en charge le transport des professionnels), d'autres si certains ne viennent pas aussi pour serrer la main d'une célébrité.

 

60 producteurs, majoritairement français et allemands

 

Au total, ce sont 60 producteurs d'Europe, d'Asie et du Moyen-Orient qui se sont présentés, la majeure partie provenant de France (22) et d'Allemagne (15). " Nous avons envoyé en juin le programme par mail à une centaine de producteurs de notre réseau, nous explique Alan Quaglieri, assistant du programme Open Doors. Chaque producteur intéressé a sélectionné au minimum trois projets dans le programme Open Doors et celui de la Cinéfondation. Il y a toujours quelqu'un qui rencontre tous les participants ; mais la moyenne est de 3 à 4 rendez-vous par producteur ".

 

Une fois les projets choisis, les assistants répartissent les rencontres sur deux jours à l'aide d'un logiciel spécialisé. Cela permet à chacun d'avoir son planning  et de se préparer. " Les rendez-vous sont trop courts, regrette le producteur belge Aurélien Bodinaux. Nous n'avons qu'une demi-heure et certains projets sont différents de la présentation qu'on nous avait envoyé. Du coup, on perd quinze minutes à redéfinir le projet avant de rentrer dans le vif du sujet ".

" Les projets sont envoyés par mail en juin alors que le catalogue est édité en août, justifie Alan Qualiglieri. Entre temps, nous récoltons davantage d'éléments que nous mettons dans le catalogue ".

 

L'Open Doors Club où se sont déroulés durant deux jours les rendez-vous est un bar équipé d'une terrasse. Chaque participant a une table attribuée et une petite affiche sur laquelle est noté le titre du projet. Un procédé utile, quand on ne connaît pas le visage de son prochain interlocuteur. " Ce n'est pas idéal pour les rendez-vous, nous confie la productrice allemande Bärbel Mauch. C'est bruyant, on ne s'entend pas ".

Ici, pas de chronomètre. À chacun de respecter son temps pour que le rendez-vous suivant n'ait pas à patienter. Certaines rencontres se font en dilettante, parce que les producteurs se connaissent déjà ou qu'il s'agit d'une simple prise de contact sans proposition concrète. Le réalisateur camerounais Jean-Pierre Békolo déplore qu'aucun grand producteur ne participe aux rencontres. " Je veux des producteurs qui ont de l'argent, pas des producteurs qui vont lever des fonds avec mon projet ! Il ne faut pas qu'on tombe dans une logique humanitaire où les gens veulent nous aider sans en avoir les moyens ".

 

Lors des rencontres, des échanges de cartes de visite se font, des visionnages d'extraits de films aussi. Certains producteurs racontent leur parcours, d'autres pas. Censés avoir lu les projets, ils arrivent plutôt avec des questions en tête, attendent des réponses. " Quand je rencontre quelqu'un, trois aspects m'importent, explique Slawomir Ciok. Le projet écrit, le courant qui passe ou pas durant notre  conversation et le support vidéo, très important pour avoir une vision concrète du travail de l'auteur". 

 

Au final, sur la trentaine de rendez-vous obtenus, seulement deux ou trois aboutiront à une collaboration. Comme la majorité des projets en sont au stade de l'écriture, beaucoup e-mails devront être envoyés avec les versions finales des scénarios. " Il faut le traduire en anglais, conseille le producteur allemand Fabian Massah à Souleymane Cissé. Pour les commissions, ce sera plus facile ". Les séances de pitchs sont bien un commencement et non un aboutissement comme le souligne le réalisateur burkinabè Michel K. Zongo : " Le travail commencera après le festival, quand il faudra concrétiser ces pistes ".

 

Pistes financières étrangères et budgets

 

La dominante française et allemande parmi les producteurs influe les autres pays. Un producteur allemand propose de s'associer à un producteur français pour lever davantage de fonds, un producteur polonais avoue ne pas faire le poids sans l'appui de l'un de ces pays. D'autres, comme les producteurs chinois de Fang Jin Visual Media font forte impression. " Ils sont arrivés avec mon projet traduit en mandarin, raconte le réalisateur malgache Laza. Ils m'ont demandé s'il y avait une ambassade chinoise à Madagascar, quelle était sa taille et de quoi j'avais besoin. Ils étaient très professionnels ".

 

Une table ronde organisée avec des financeurs internationaux tels que le CNC et l'Institut Français (France), le World Cinema Fund et le Medienboard de Berlin (Allemagne), Vision Sud-Est (Suisse), et le Sørfond (Norvège) ont ouvert les esprits et délié les langues. Certains fonds européens ne requièrent ni d'avoir un producteur dans le pays où le fonds est levé, ni d'y dépenser l'argent obtenu. Fatigués de devoir'utiliser leur budget dans le pays financeur plutôt que dans celui du tournage - favorisant ainsi le développement de l'industrie cinématographique du pays financeur plutôt que du pays financé - les réalisateurs voient d'un bon œil ces nouvelles sources de financement. " Si les Français n'assouplissent pas leurs procédures, ils vont perdre des talents ", prédit le réalisateur sénégalais Pape Tall.

 

Sur les 12 projets retenus, 2 budgets dépassent le million d'euros (ceux d'Aïssa Maïga et de Mati Diop) et 2 sont en-deçà des 100.000€ (ceux de Laza et Pape Tall). Certains budgets documentaires comme ceux de Jean-Marie Téno (573.622€) et Michel K. Zongo (235.000€) dépassent parfois les long-métrages de fiction comme Ladji Nyè (170.000€) ou Ailleurs (405.757€). Le plus élevé des financements acquis était celui du film mauricien Lombraz Kan (200.000€) et le plus bas celui du film sénégalais De la rue à l'école (1.302€). Plus généralement, hormis 3 films présentés dans d'autres festivals tels Göteborg, Namur, Amiens ou Nantes, l'ensemble des projets étaient pitchés pour la première fois.













































































































Projet

Carrière du projet

Budget estimé

Financement acquis

Manque

Ailleurs

Leslie Tô

Göteborg Film Fund 2009

405 757 €

10.000 €

395 757 €

Black Sunshine

Akosua A. Owusu

Produire au Sud 2010

Festival d'Amiens 2011

860 000 €

50.000 €

810 000 €

De la rue à l'école

Pape Tall

1ere présentation

41 303 €

1.302 €

40 001 €

Faso Fani, la fin du rêve

Michel K. Zongo

1ere présentation

235 000 €

47.000€

14.323€
Open Doors Locarno

173 675 €

Fragments de vies

Laza

1ere présentation

53 334 €

37.134€

8.324€
Open Doors Locarno

7 876 €

Il faut quitter Bamako

Aïssa Maïga

1ere présentation

1 400 000 €

158.803 €

1 241 197 €

La prochaine fois, le Feu

Mati Diop

1ere présentation

1 350 000 €

100.000€

20.807€
Open Doors Locarno

1 329 193 €

Ladji Nyè

Daouda Coulibaly

1ere présentation

170 000 €

10.000€

12.484€ Open Doors Locarno

147 516 €

Le Président

Jean-Pierre Békolo

1ere présentation

204 534 €

50.000 €

154 534 €

Lombraz Kan

David Constantin

Ile Maurice

Festival de Namur 2010

464 622 €

200.000 €

264 622 €

Pakitalaki, portrait d'une famille

Adama Sallé

1ere présentation

736 000 €

85.000 €

651 000 €

Toutes voiles dehors

Jean-Marie Téno

1ere présentation

573 622 €

2.622 €

571 000 €







Jury et palmarès

 

Dans le cadre d'Open Doors, un jury était en charge de récompenser trois projets. À l'exception d'Aïssa Maïga qui ne concourrait pas pour ces prix, chaque réalisateur et producteur est passé devant Jacqueline Ada et Saâd Ramdane (CNC, France), Luciano Barisone (directeur du festival Visions du Réel de Nyons, Suisse), Rémi Burah et André de Margerie (Arte, France), Thierry Jobin (Festival de Fribourg, Suisse) et Alice Thomann (Direction du développement et de la coopération, Suisse).

 

Ultime pitch de la sélection (car celui-ci débouchait réellement sur un financement), cette présentation de trente minutes permettait à chacun d'exposer son projet. Certains entraient dans la salle avec les mains tremblantes, d'autres s'étaient habitués à l'exercice après tant de rendez-vous professionnels. 

 

Ainsi, Faso Fani, la fin du rêve ? de Michel K. Zongo a obtenu le prix ARTE (6.000€) et La prochaine fois, le Feu de Mati Diop a eu la bourse d'écriture du CNC français (7.000€).

Le grand prix Vision Sud-Est d'une valeur initiale de 50'000FCH (45.000€) a été partagé entre plusieurs projets : Fragments de vies de Laza (10'000FCH/8.323€), Faso Fani, la fin du rêve ? de Michel K. Zongo (10'000FCH/8.323€), La prochaine fois, le Feu de Mati Diop (15'000FCH/12.384€) et Ladji Nyè de Daouda Coulibaly (15'000FCH/12.384€).

 

Pour Thierry Jobin, directeur du Festival de Fribourg et membre du jury, trois aspects étaient essentiels : " Il faut être capable de parler de sa vision personnelle - nous avons parfois quémandé des extraits de films ; ne pas se reposer sur des références qui existent déjà - un jury ne peut pas faire le lien entre un projet et des grands noms du cinéma ; et ne pas avoir peur de l'actualité. Les projets qui étaient prêts à se remettre en cause, chaque semaine, chaque jour quasiment, tout en gardant leur vision personnelle sans se référer à des idées de cinéma préexistantes, nous ont le plus convaincus ".

 

Le fait que le grand prix - qui aurait pu permettre la finition de films tels que Fragments de vies ou De la rue à l'école - ait été divisé a soulevé des questionnements. " C'est un choix, mais c'est du saupoudrage, réagit Michel Ouédraogo, directeur général du Fespaco. Au lieu de permettre à un film d'aboutir, on encourage quatre projets qui vont encore mettre du temps à se faire ". Pour Thierry Jobin, le fait que les projets soient en développement ne permettait pas au jury de leur donner plus de 15'000FCH (12.384€). " Il y avait une unanimité absolue sur le projet de Mati Diop, explique-t-il. On s'est donc débrouillé pour qu'avec le CNC et notre prix, on voit que ce projet-là passait par-dessus tout, puis on a réparti le reste sur les trois projets que nous avions aimés ". 

 

Soit un soutien à 1 coproduction sur 4 (Faso Fani, la fin du rêve ?), à 2 projets développés avec la France sur 4 (La prochaine fois, le Feu ; Faso Fani, la fin du rêve ?), à 1 femme par rapport à 3 hommes (Mati Diop), à 2 longs-métrages et 2 documentaires et à 4 jeunes réalisateurs passant au long-métrage. " On met en avant les jeunes ou on consacre les vieux. On ne s'intéresse pas à ceux du milieu ", analyse, philosophe, Jean-Pierre Békolo.

 

" Le rôle d'un festival est d'être là où les choses démarrent, conclue Alice Thormann de la DDC. Nous avons eu la chance de rencontrer des réalisateurs engagés, qui ont le feu sacré pour que leur film soit vu. Si les salles étaient pleines durant les projections Open Doors, c'est bien qu'il y a une attente. Alors, nous vous attendons à Locarno, sur les écrans ". Espérons que l'attente ne soit pas trop longue car comme chacun sait, entre l'écriture et la projection, le financement d'un film en Afrique est plus que long, même lorsque l'auteur brûle d'un feu sacré.

 



Claire Diao, Clap Noir, août 2012



Illustration : Les lauréats - Open Doors 2012, Suisse  - de gauche à droite : Laza, Daouda Coulibaly, Judith Lévy (productrice), Mati Diop, Michel K. Zongo et Christian Lelong (producteur). Photo : Claire Diao, 2012.

Claire Diao
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