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Bamboozled, de Spike Lee
critique
rédigé par Anne Crémieux
publié le 01/02/2001

Bamboozled ! Un mot plein de "b" qui signifie "embobiné". Ça se prononce comme ça s'écrit : ben-mbouzeul ! Référence à Malcolm X qui apparaît au milieu du film (ou serait-ce Denzel Washington ?) : un appel au séparatisme, ne pas se laisser embobiner par l'homme blanc… Quinze films en quinze ans, il a bien fallu que Spike Lee se salisse les mains. C'est ce que fait le très bourgeois, très propre, très accent oxfordien Pierre Delacroix dans Bamboozled. Son patron blanc, Dunwitty, refuse ses programmes dont les personnages ne sont pas assez "noirs". Delacroix écrit donc le script le plus raciste possible, espérant un procès qui mènera Dunwitty à la faillite. Mantan et Sleep-n-Eat (Spike Lee reprend les noms de deux talentueux bouffons noirs hollywoodiens des années quarante) sont deux esclaves qui passent leur temps à manger, dormir, voler des poulets, rire et danser. Dunwitty adore, le show est un succès. Comme Pierre Delacroix, Spike Lee est passé chez New Line Cinema avec bien des projets avant qu'ils n'acceptent sa comédie satirique où les artistes font des claquettes et se maquillent en noir. Dunwitty adore les Noirs et leur culture. Il veut surtout changer le noir en vert, il a des $$ à la place des yeux et trouvera toujours des collaborateurs. Il est insupportable, mais personne ne le tient pour responsable. Le vrai responsable c'est Pierre Delacroix. Assoiffé de réussite il se vend aux Blancs sans penser qu'il y perd son âme. Spike Lee ne vend pas son âme, bien au contraire. Bamboozled est un hommage au talent des artistes noirs exploités par Hollywood. Même si le cadrage donne mal au cœur, les raccords mal aux yeux et la fin mal aux cheveux, Bamboozled étonne d'intelligence et de courage. Le clip final récapitulant la représentation des Noirs dans la culture populaire depuis cent ans vaut à lui seul le prix de la place de cinéma.

Anne Crémieux

2 h 15, 2000, avec Damon Wayans (Pierre Delacroix), Savion Glover (Man Ray / Mantan), Tommy Davidson (Cheeba / Sleep-n-Eat), Jada Pinkett-Smith (Sloan Hopkins), Michael Rappaport (Dunwitty), Mos Def (Julius). Directrice de la Photographie : Ellen Kuras. Producteur : Jon Kilik. Une production 40 Acres and a Mule / New Line Cinema.

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