Le public congolais a pu assister à des projections de FÉLICITÉ réalisé en grande partie dans la capitale du pays (les scènes de forêt ayant été tournées dans l'Est du Sénégal). C'était à la faveur du Festival du Film Européen 2017, organisé du 23 juin au 2 juillet dans plusieurs villes de la République Démocratique du Congo (Kinshasa, Moanda, Kikwit, Kisangani, Goma, Bukavu et Lubumbashi) et la Première Nationale du film.
Dans cette "terre de la chanson" décrite par le Professeur MANDA Tchebwa, actuel Directeur Général du Centre international de CIvilisations Bantu (CICIBA), où la diversité des 450 ethnies s'exprime culturellement, le réalisateur franco-sénégalais Alain GOMIS a construit le drame social et amoureux vécu par l'actrice principale Véro BEYA Tshanda dans le rôle de "Félicité".
Exposée à la survie de tous les jours, en s'adonnant au métier de chanteuse dans un cabaret, cette femme courageuse, monoparentale, est obligée de porter subitement secours à son fils accidenté dans la ville de Kinshasa. Le Camerounais Francis BEBEY a honoré cette ville par une chanson, ode de sublimation, pour louer les efforts des Africains à surmonter les effets pervers de la colonisation. Dans cette ville où la vie joyeuse de la population cache les impondérables de manque d'assurance de santé et de la difficulté des situations sociales.
Dans FÉLICITÉ, trois formes de musique ponctuent les actions des acteurs. D'abord, la musique de l'ensemble KASAÏ ALL STARS dont le rythme dénommé MUTUASHI que la Mamu Nationale, la célèbre artiste TSHALA MUANA qui en est la Reine, a popularisé sur le plan mondial à travers ses œuvres. Bien que chantée au fil du déroulement de l'intrigue, par Félicité, cette musique festive ne lui enlève pas la gravité de ce regard hagard lors de ces exécutions.
Puis, vient le temps de la musique classique exécutée par l'Orchestre Symphonique Kimbaguiste (OSK), dirigé par Papa Armand DIANGIENDA. Elle plonge l'actrice dans un monde de rêve. Félicité est alors entraînée dans un univers de l'inconnu, à la recherche du bien-être mais emportée dans une existence plate. La robe longue et blanche qu'elle porte ne lui confère pas cette félicité tant souhaitée, quand bien même, par séquences, les bruitages de la forêt font des incursions.
Enfin, la musique congolaise moderne vient apporter un regain d'amour. En particulier, il y a une chanson des années 50 qui draine toujours les mélomanes sur les pistes de danse à l'heure actuelle. Cette chanson c'est "Parafifi", composée par le Kasaïen Joseph KABASELE (Kallé Jeff) et son AFRICAN JAZZ (qui ont aussi interprété l'historique "Indépendance Cha Cha"). Chantonné a cappella par le personnage de Tabu comme dédicace, le couplet donne de la couleur au visage de l'actrice qui se fend alors d'un large sourire. Lui, le soûlard dans ce cabaret, tombeur de femmes, réparateur de frigo, est devenu le réparateur du cœur brisé de Félicité.
MBAKI Mazakala Simon