AFRICINE .org
Le leader mondial (cinémas africains & diaspora)
Actuellement recensés
25 401 films, 2 562 textes
Ajoutez vos infos
Interstice
de Zigoto Tchaya Tchameni
critique
rédigé par Yvette Mbogo
publié le 15/07/2005

Disharmonie entre civilisations et quête de l'égalité des genres, sont mis en espace par Zigoto Tchaya Tchameni.

La tradition s'effrite, mais ne se brise pas, elle demeure ! Et comme le dit un adage africain, " on ne défie pas impunément les dieux " ; mais lorsque c'est fait, faut-il alors danser au rythme de sa culture ou plutôt la combattre ? C'est à ce débat que " Interstice " convie le spectateur pour exprimer la difficulté aujourd'hui d'intégrer deux cultures dans le quotidien de chacun. " Je voulais transposer la réalité sur la scène en partant d'une histoire vraie pour montrer l'embarras dans lequel vit la jeunesse actuelle ", explique Zigoto Tchaya. Mais comment faire pour préserver sa culture et prendre les aspects positifs de l'autre, si " l'on croit toujours qu'on est malheureux et que le bonheur se trouve chez le voisin " ?
" Interstice " est l'histoire des jeunes intellectuels du village imaginaire " Ndzimambeuh Kne Kfene Niaghe " qui n'arrivent pas à trouver d'emploi et se croient victimes d'un sort. Ils décident donc de connaître la raison de cette malédiction auprès d'un marabout. Ce dernier leur révèle que c'est la conséquence du manque de respect aux us et coutumes ancestrales : d'être allé dans la forêt sacrée et d'avoir bu le vin dans la calebasse sacrée sans avoir fait au préalable les rituels. Pour les jeunes filles, c'est de la quête de l'égalité avec la gent masculine que naît leur problème. Et pour guérir tous les maux nés de cette malédiction, il invite ces jeunes intellectuels à faire des rites et des sacrifices pour expier leurs fautes. Comme la solution à leurs maux tarde à venir, ils décident de briser le tabou en détruisant la calebasse sacrée au grand dam de la communauté.
" Interstice " pose le problème de l'acculturation de la jeunesse dans un environnement multiculturel avec pour fond l'émancipation de la femme. Cela passe par la destruction de la calebasse sacrée, le refus d'arborer le costume traditionnel au profit du T-shirt, les interminables affronts entre la gent féminine et leurs compagnons qui les traitent avec condescendance et refusent de les introduire dans l'agora.
La mise en scène collective, le choix des costumes modernes et traditionnels, les dialogues et les chants exécutés en langue vernaculaire et en français ou en anglais sont l'expression de la difficulté d'une coexistence multiculturelle, chacune voulant phagocyter l'autre. " La métaphore de l'Occident et de l'Afrique ", explique le metteur en scène. Du fond de la salle résonne la voix de stentor des comédiens, jusqu'à la scène où ils effectuent des mouvements alternatifs entre la calebasse et le tabouret traditionnel - une gestuelle dynamique où le spectateur trouve son compte.
Créée en 1999, la pièce a été jouée pour la première fois au Festi-Forum d'André Bang en 2004 à Yabassi. Elle est conviée au Festival mondial du théâtre amateur de Monaco en France (28 juillet - 6 août 2006). Prix de la meilleure mise en scène au festival concours " Scènes nationales du théâtre camerounais " (22 - 27 mars 2005 à Yaoundé), elle effectue une tournée nationale en ce moment. La Compagnie Zoomers Théâtre a été créée en 1997 par Zigoto Tchaya Tchameni et Buminang Elvis Ngwansi. Elle organise des résidences de créations et fait aussi dans le domaine audiovisuel.

Yvette Mbogo

Fiche technique
Pièce : Interstice
Texte et mise en scène : Zigoto Tchaya Tchameni
Avec : Buminang Elvis Nwansi
Eugène Shungzie Nwapiazum
Ngantchou Louteng Patrick
Mouala François Aline
Nancy Kienyo Kinyang
Lumière : Mayagi Abraham
Scénographie : Bitchick Bi Bitchick
Costume : Nancy Kienyo Kinyang

Artistes liés