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Sonate en bien majeur
de Francis Bebey
critique
rédigé par Olivier Barlet
publié le 01/06/2002

C'est le titre de l'unique film réalisé par Francis Bebey. Un résumé sans prétention de son engagement.

Sonate en bien majeur est un conte moral : un balayeur trouve dans la rue un porte-monnaie bien rempli, l'empoche, a des remords et finit par le porter au commissariat. Mais l'intérêt du film ne se résout pas à cette trame sincère mais un peu simpliste : il tisse une série de regards qui en préciseront le contexte. On sent bien que ce qui motive Francis Bebey est de camper les contradictions de l'exilé, de l'immigré en terre européenne.
Cela commence par des enfants qui dansent et chantent dans les rues de Paris. "Madame Kidi" et Patrick "Toups", les enfants de Francis Bebey que l'on découvre ainsi à peine âgés de dix ans, incarneront le rêve : "Ah, si j'étais riche, comme dans la caverne d'Ali Baba", s'exclame "Madame Kidi". Car le balayeur que côtoient les enfants dans la rue, "Monsieur Balais", rêve d'ouvrir une échoppe au marché de Gelada, lequel apparaît tout de suite à l'écran : quelques plans d'Afrique l'opposent à la foule et la folie parisienne, le posent en référence culturelle et idéal futur.
En voix-off, "Monsieur Balais" réfléchit, réagit : "Tu vois les Blancs balayer les rues ?" Mais sa condition d'immigré sera plus dure encore lorsqu'il apprend par un congénère du même village que son oncle utilise les subsides qu'il envoie pour boire et lui a pris sa fiancée Mariama.
Et voilà qu'il trouve le porte-monnaie : tout devient possible, alors qu'il était si dur de gagner de l'argent ! Il rêve de beau costume, de voiture, d'une bague offerte à une belle dame… Il rêve, ce qui le fait sourire, qu'il est Manu Dibango composant au piano tandis que son épouse ne fait qu'acheter des bijoux. Il rêve qu'il aborde une belle Blanche… mais le réveil sera brusque quand son ami le chasse.
De ce rêve, il ne restera que la réalité d'un argent mal gagné. A quoi bon le garder puisque le retour au pays ne peut se faire en négligeant les valeurs qui guident le retour ? Se renier ne peut mener bien loin. En rendant le portefeuille, Bakary alias Bebey fait le choix de ses valeurs, le choix d'une vie.

Olivier Barlet

1974, d'après une nouvelle publiée chez Clef, Yaoundé. Assistant : Jo Bennet, avec Alphonse Marie Touras, Manu Dibango.

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