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Entretien avec Papa Arona CAMARA, Chef électricien et Chef Machiniste
"Le numérique n'a pas encore égalé l'argentique".
entretien
rédigé par Sitapha Badji
publié le 26/07/2023
Papa Arona CAMARA, Chef Machiniste et Chef Électricien sénégalais
Papa Arona CAMARA, Chef Machiniste et Chef Électricien sénégalais
Sitapha BADJI, Rédacteur (Dakar) à AFRICINÉ MAGAZINE
Sitapha BADJI, Rédacteur (Dakar) à AFRICINÉ MAGAZINE

Issu de la vieille école, Papa Arona Camara préfère-t-il l'argentique au numérique ?

En quoi consiste le métier d'électricien-machiniste ?
Mon métier, c'est l'électro qui est la lumière [éclairage et fourniture de l'électricité, NDLR] dans le cinéma. Mais je fais plus spécifiquement de la machinerie. C'est tout ce qui est support caméra, projecteurs. Des fois, je viens en aide au niveau de la déco [décoration, NDLR]. Jadis on parlait des machinistes comme les inventeurs du cinéma. Le machiniste est toujours derrière le cadreur pour faire ce que le directeur de la photo lui demande.

Vous exercez depuis 1980. Comment vous adaptez-vous à l'évolution technologique ?
Je fais partie des cinéastes qui acceptent difficilement le numérique. Mais aujourd'hui, il occupe la place. Pourtant, l'argentique a son importance car le numérique ne l'a pas encore égalé. Avant, on tournait avec des caméras super 16 et 35 millimètres. Actuellement, on tourne beaucoup plus avec le numérique mais la qualité de l'image n'est pas pareille.

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Il y en a certains qui retournent à la pellicule.
Il y en a plein ! Les gens retournent à faire des films avec l'argentique. En France, j'ai rencontré cette année beaucoup de chefs machinistes qui m'ont dit qu'ils ont fait des films en 35 millimètres.

Qu'est-ce qui explique cela ?
C'est l'importance de l'image. La qualité se trouve en super 16 ou en 35 millimètres, car le numérique n'a pas encore égalé l'argentique.

Quelles sont les qualités requises pour être un bon machiniste ?
C'est la capacité à suivre l'évolution d'un tournage, être très créatif parce qu'on peut te demander de poser la caméra en portière de voiture, sur une charrette ou quelque part dans l'air libre, il faut trouver une solution pour le faire. Mais en dehors de ça, il y a des choses qui sont standard qu'il faut apprendre. Mettre une tour, c'est une technique. Construire un travelling et pousser la caméra, c'est une sensation mais aussi une technique.



Qu'est-ce que ces années d'expériences vous ont apprises ?
J'ai acquis beaucoup de choses. A mon âge très avancé, sur un plateau je ne réfléchis plus. Quand un chef opérateur démarre sa phrase, je sais ce qu'il veut ! Ça fait très longtemps qu'on ne m'a pas dit comment pousser. Il suffit que le sujet se déplace, je fais mon mouvement et je le réussis. Dans le film Capitaines des ténèbres de Serge Moati, je prenais ma grue et faisais un plan. Au deuxième, le chef opérateur [Gérard de Battista, NDLR] me disait : "tu peux rentrer ! C'est bon, on a fait le plan."

Qu'est-ce qui fait de vous l'un des meilleurs ?
Le meilleur n'existe pas mais il y a des bons. Et parmi eux, il y a toujours un meilleur. J'ai participé à la construction du cinéma de 2000 à 2020, en ayant du matériel qui a permis de tourner. Il a fallu renouveler le matériel de temps en temps. Cela permet aux jeunes de voir le dernier projecteur LED existant… Et en termes de machinerie, on a tout : des grues, des bazookas, des rails traveling, des tours, des spiders. Il y a aussi des choses qu'on a construites, par exemple pour mettre un trilithe sur une portière, c'est notre création.



Comment abordez-vous un tournage ?
Après avoir lu le scénario, je discute avec le chef op : il me dit exactement la lumière qu'il veut. Cela m'a permis d'avoir un hangar de lumières. Parce que chaque film doit être éclairé avec des projecteurs différents.

De quoi votre métier a besoin pour compléter la machinerie ?
C'est d'avoir des caméras de haut niveau, des Dolly et des grues électriques. Il n'y a que ça qui nous manque.

Propos recueillis par Sitapha BADJI

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2022 / FACC.
Un atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 5è édition du Festival de Dakar Court (05-10 Décembre 2022) par l'Association Cinemarekk et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar), avec le soutien de Vivendi Create Joy.

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