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Eldridge Cleaver
Militant/e

Leroy Eldridge Cleaver, né le 31 août 1935 à Wabbaseka (Arkansas) et mort le 1er mai 1998 à Pomona (Californie), est un militant des droits civiques américain, membre important du Black Panther Party. En 1968, il signe une autobiographie remarquée, Soul on Ice. Il se rallie aux conservateurs républicains dans les années 1980.

BIGRAPHIE

Jeunesse et formation

Leroy Eldridge Cleaver1 est né à Wabbaseka, dans l'Arkansas, il est le fils de Leroy Cleaver (un voiturier) et de Thelma Hattie Robinson Cleaver (une institutrice).
En 1943, sa famille emménage à Phoenix dans l'Arizona puis à Los Angeles. Il se convertit au catholicisme à l'âge de douze ans. Adolescent délinquant, il passe du temps dans des centres pour mineurs. À l'âge de 18 ans, il est condamné pour trafic de drogue et purge une peine à la prison d'État de Soledad (pour adultes). En 1958, condamné cette fois pour viol, violences et tentative de meurtre, il est incarcéré à la prison d’État de Folsom et de San Quentin jusqu'en 1966.

Engagement politique

Soul on Ice

En 1968, sort son essai nommé Soul on Ice (traduit en France sous le titre Un noir à l'ombre), qui influence le mouvement Black Power et est aujourd'hui considéré comme un classique. Il relate son expérience de la prison de Folsom, sa transformation de dealer de marijuana et de violeur en série « insurrectionnel » de femmes blanches : « Quand je me suis retrouvé en prison, j’ai commencé par m’examiner attentivement et, pour la première fois de ma vie, j’ai reconnu que j’avais tort, que je m’étais perdu – non pas simplement éloigné de la loi de l’homme blanc, mais de la qualité d’être humain civilisé –, car je n’approuvais pas l’action de violer. Je connaissais plus ou moins mes motivations ; pourtant, je ne me sentais pas justifié. Je n’avais plus de respect pour moi-même. Ma fierté d’homme s’en allait en morceaux ; toute ma fragile structure morale semblait s’écrouler, complètement détraquée. Voilà pourquoi je me suis mis à écrire. Pour me sauver ».

Se considérant toutefois comme un patriote américain, il reste déterminé à vivre aux États-Unis. Il exhorte les Américains à démanteler la « ligne Maginot raciale » qui les diviserait et se déclare convaincu que « le prix de la haine qu’on voue à d’autres hommes est que l’on s’aime moins soi-même ».

Black Panther Party

Cleaver rejoint après sa sortie de prison en 1966 le Black Panther Party à Oakland, en Californie, et en deviendra le ministre de l'information (porte-parole). Ce qui initialement attire Cleaver chez le Black Panther Party est son engagement en lutte armée, à la différence des autres groupes.

En 1967, Eldridge Cleaver, Marvin X (en), Ed Bullins (en), et Ethna Wyatt, forment la Maison Noire (the Black House), centre politico-culturel à San Francisco.

Les membres réguliers en sont Amiri Baraka, Sonia Sanchez, Askia Toure (en), Sarah Webster Fabio (en), l'Art Ensemble of Chicago, Avotcja, Reginald Lockett, Emory Douglas (en), Samuel Napier, Bobby Hutton (en), Huey P. Newton, et Bobby Seale.

En 1968, il est candidat du Parti paix et liberté à la présidence des États-Unis, bien que n'ayant pas l'âge requis et que les tribunaux de deux États aient rejeté sa candidature. Cleaver et sa suppléante Judith Mage obtiennent 36 571 voix, soit 0,05 % des votes. Cette même année, il est blessé lorsque la police d'Oakland ouvrit le feu sur des militants noirs, tuant notamment Bobby Hutton (le trésorier du parti). Victime de manœuvres illégales du FBI qui visaient à le démolir politiquement mais également à ruiner son foyer, il se voit accusé de tentative de meurtre et s'exile en Algérie où il est rejoint par Timothy Leary. Il place ce dernier aux arrêts révolutionnaires comme contre-révolutionnaire, Leary est peu de temps après relâché.

Depuis Alger, il reste la cible d’une campagne de harcèlement personnel conduite par les autorités américaines. Le FBI multiplia les écoutes illégales, les fausses lettres, les provocateurs payés. Abusé par l’avalanche de fausses nouvelles et de lettres anonymes que les agents fédéraux faisaient pleuvoir sur lui, Cleaver dénonça publiquement Huey Newton, entrainant une rupture au sein des Black Panther.

Puis Cleaver quitte l'Algérie et passe du temps à Cuba et en France, convaincu qu’il serait assassiné s’il rentrait aux États-Unis.

En France

Pendant son séjour en France, Cleaver tente de devenir créateur styliste. Sa création la plus connue est un pantalon avec « une pièce rapportée comme une chaussette détaillant les parties génitales du porteur », appelée aussi « penis pant ». Le magazine Newsweek le cite : « Je veux résoudre le problème de la mentalité de la feuille de vigne. S'habiller est une extension de la feuille de vigne — cela met notre sexe dans notre corps. Mes pantalons le ramènent là où il devrait être ».

Cleaver achète de l'espace publicitaire dans le journal The International Herald Tribune, espérant trouver investisseurs et fabricants. Il continue à promouvoir le pantalon après son retour aux États-Unis.

Ses convictions évoluent nettement et Cleaver, lors de discussion avec des militants d’extrême gauche, défend les États-Unis « avec une véhémence qui frisait l’hystérie », selon T. D. Allman.

Soul on Fire

En 1978, Cleaver publie un autre livre, Soul On Fire, et révèle plusieurs aspects surprenants de son exil en Algérie :
Cleaver recevait régulièrement des dons de la République du Nord Viêt Nam avec laquelle les États-Unis étaient en guerre.
Cleaver a été suivi par plusieurs ex-criminels devenus révolutionnaires. Plusieurs d'entre eux ont détourné des avions pour se rendre en Algérie. Les Algériens attendaient de Cleaver qu'il les surveille. Cleaver organisa un trafic de voitures volées pour les employer : les voitures étaient volées en Europe puis revendues en Afrique.
Cleaver aquitte l'Algérie pour vivre clandestinement en France. Par l'entremise de la photographe Marie-Laure de Decker, il rencontre Valéry Giscard d'Estaing, alors ministre des Finances, qui accepte d'intervenir auprès de Jacques Chirac, alors ministre de l'Intérieur, pour empêcher l'arrestation de Cleaver par la DST et son extradition. Ayant obtenu des permis de séjour pour lui et sa famille grâce à ces hautes protections, il s'établit quelque temps à Paris, où il se reconvertit dans la mode. Cleaver a fait l'expérience d'une « renaissance à Dieu » pendant son année d'isolement alors qu'il vivait dans la clandestinité.

Retour aux États-Unis

Cleaver retourne aux États-Unis en 1975, en ayant complètement changé, il renonce au Black Panther Party. Il est condamné à la probation pour agression et les poursuites judiciaires cessent. Il est soutenu financièrement par le millionnaire conservateur Arthur de Moss.

Devenu conservateur et anticommuniste, il proclame son soutien indéfectible à Israël, dénonce l'Union soviétique et Cuba, approuve les tractations entre les États-Unis et l’Afrique du Sud ségrégationniste. Il se rapproche par ailleurs de personnalités controversées, telles que Daniel Patrick Moynihan, connu pour ses opinions conservatrices sur la question noire, ou encore du prédicateur évangélique Billy Graham. Il refuse en revanche de collaborer avec la NAACP, organisation visant à défendre les droits civiques des Afro-américains.

Au milieu des années 1980, Cleaver devient dépendant à la cocaïne. En 1992, il écope d'une condamnation pour détention de cocaïne et cambriolage. Après une agression liée à la drogue, en 1994, il est laissé pour mort. Il réussit ensuite à se désintoxiquer.

En 1986, il se présente, sans succès, à l'investiture du Parti républicain en Californie pour le Sénat des États-Unis. Ensuite, il devient mooniste et s'implique dans l'organisation de Sun Myung Moon, puis avec les mormons.

Vie personnelle

En 1967 Elridge Cleaver épouse Kathleen Neal Cleaver, (divorcé en 1987), le couple donne naissance à deux enfants Ahmad Maceo Eldridge Cleaver et Joju Younghi.

Cleaver décède des suites d'un cancer de la prostate au Pomona Valley Hospital Medical Center de Californie en 1998 à l'âge de 62 ans.

Eldridge Cleaver repose au cimetière de Mountain View d'Altadena en Californie.

Filmographie
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