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Cinéma du réel 2017 : Maman Colonelle remporte le Grand Prix
reportage
rédigé par
publié le 31/03/2017

Soutenu par l'OIF, le nouveau film de Dieudo Hamadi était en compétition internationale, avec ceux de Fayçal Hammoum, Sylvain George et Marie Kâ (Compétition française).


 

Maman Colonelle (Mama Colonel) - est le nouveau film du cinéaste congolais Dieudo Hamadi. Il s'attache au Colonel Honorine Munyole qui a été, pendant douze ans, la cheftaine de la brigade de lutte pour la protection de l'enfance et contre les violences sexuelles faites aux femmes, au sein de la Police Nationale Congolaise, dans la région du Sud-Kivu. Soit la "Capitale mondiale du viol". Mutée à Kisangani, Honorine entreprend, dans le plus grand dénuement, un travail de soutien aux femmes victimes de viols ainsi qu'aux enfants battus ou accusés d'être des "enfants sorciers".

 


 

Produit par Mutotu Productions (avec le regretté Kiripi Katembo, RDC) et Cinédoc films (Christian Lelong, France), avec le soutien du Fonds Image de la Francophonie (OIF / CIRTEF), il a fait sa Première Mondiale en Allemagne, à la Berlinale 2017, en février dernier. Il y a obtenu le Prix des lecteurs du Tagesspiegel (quotidien allemand) pour le meilleur film de la section Forum et le Prix du Jury Œcuménique (" pour avoir réussi à dépeindre des actions ou des expériences humaines conformes aux évangiles, ou à sensibiliser les téléspectateurs aux valeurs spirituelles, humaines ou sociales "). Le film en développement avait été sélectionné au festival Congo in Harlem 2016 (20-23 Oct 2016 | New-York, États-Unis). Mi mars, le film a fait sa Première africaine à iREP international Documentary Film Festival 2017, Lagos où Jihan El Tahri était l'invitée d'honneur. Olivier Barlet (Africultures) a écrit que Dieudo Hamadi a fait le choix de ne pas envoyer son film au Fespaco 2017, Burkina Faso, (à lire ici).

La Première française de Maman Colonelle se déroule au Cinéma du réel 2017 (du 24 mars au 02 avril), au Centre Pompidou, en compétition internationale. Il repart avec le Grand Prix 2017 de ce festival parisien.

Son premier long métrage documentaire, Atalaku (2013, 62mins) avait remporté le Prix Joris Ivens du Meilleur Premier film au Festival Cinéma du Réel 2013. En 2014, son second long métrage documentaire, Examen d'État décroche le Prix international de la SCAM et le Prix des éditeurs (Potemkine) au 36ème Festival Cinéma du Réel.



 


 

Dieudonné Hamadi est né à Kisangani (Congo RDC), il a étudié la médecine avant de bifurquer vers le cinéma. À Tunis, aux JCC 2010, il avait affirmé qu'il se contentait de filmer les situations, nous laissant un goût d'inachevé où justement sa posture de cinéaste face à la réalité filmée n'était pas affinée. Il présentait au festival de Carthage Dames en attente (des femmes retenues dans un hôpital congolais, pour ne pas avoir payé la facture) et Tolérance zéro [Congo in four acts] qui suivait à Bukavu une femme major de police à la tête d'un bataillon chargé de lutter contre les violences sexuelles : elle arrête deux frères encore adolescent qui violaient une femme revenant des courses ainsi qu'un homme qui a agressé sexuellement une femme qu'il estime être une sorcière. C'est le matériau de ce dernier court métrage qui constitue la substance de son troisième long métrage documentaire. Le réalisateur est retourné dans l'Est du Congo, à Bukavu, pour approfondir le portrait d'Honorine Munyole, passée au grade de Colonel et surnommée Maman Colonelle, ainsi que des femmes qui réussissent le tour de force de se reconstruire après des agressions sexuelles.

Au fur et à mesure, Dieudo Hamadi a réussi à construire un cinéma stéthoscopique où il capture les pulsations de son pays, par le biais de personnages forts (on repense à Gaylor, un pasteur qui vend ses services d'animateur de rue au candidat le plus offrant, pendant la campagne présidentielle de 2011 au Congo, dans Atalaku, avec en toile de fond la grande misère de la population dont certains habitent dans les cimetières pour avoir un toit). Sans avoir besoin d'affirmer son opinion sur la réalité filmée, sa caméra ne se contente plus seulement d'être dans la froide observation, elle s'autorise à dévoiler la chaleureuse empathie que le réalisateur crée à chaque film avec ses personnages.

Il travaille actuellement sur la finition de son quatrième long métrage, Retour à Kinshasa, qui a également bénéficié d'un soutien de l'OIF ainsi que du World Cinema Fund (WCF). Cette production germano-allemande (par Mutotu Productions, Kinshasa et Bärbel Mauch Film, Berlin). C'est l'histoire de B., diplômé sans emploi, qui avait quitté la RDC pour les Etats-Unis. Après plusieurs mois d'attente, il apprend que la carte verte (titre de séjour américain) qu'il espérait ne viendra jamais. Résigné, il se prépare à rentrer à Kinshasa.

 

Mineur étranger isolé et jeunes qui refusent l'isoloir

 

Pour sa 39ème édition, le Cinéma du réel 2017 réunit 43 films (dont 30 films en première mondiale) dans 4 sections compétitives, sélectionnés parmi plus de 2800 reçus en provenance de 135 pays différents. Cinéaste, poète et écrivain français né à Vaulx-en-Velin, près né à Lyon, Sylvain George a fait plusieurs films remarqués dont Qu'ils reposent en révolte (Des figures de guerres), en 2010. Son nouveau film Paris est une fête - Un film en 18 vagues est en compétition internationale. C'est un film poème en 18 vagues, comme autant de scènes pour décrire Paris et ses paysages urbains traversés par un "jeune mineur étranger isolé", les attentats, les roses blanches, l'état d'urgence, le bleu-blanc-rouge, l'océan atlantique et ses traversées, les volcans, la beat-box, la révolte, la colère, la violence d'Etat, un chant révolutionnaire, le silence, et la joie…, rien que la joie, selon le résumé du film qui sort en salles le 12 avril.

 

Dans la Compétition internationale Premiers films qui se compose de dix films, citons Vote OFF du réalisateur Fayçal Hammoum, en première mondiale. Il nous amène à Alger, mars 2014, où la campagne pour les élections présidentielle commence, avec une jeunesse qui a la trentaine et n'ayant jamais voté. Tout en attachant une grande importance à la vie, cette jeunesse qui bâtira le monde de demain fait l'impasse sur un acte démocratique majeur : celui d'aller voter. Le film est aussi sélectionné

 

À la recherche de l'amitié et de la maturité

 

Nyo vweta Nafta du réalisateur Ico Costa (21‘, Portugal, Mozambique) est en compétition dans la section internationale courts métrages. Il est au palmarès de l'édition 2017 du Cinéma du réel : il remporte le Prix du Court métrage.

L'action se passe à Inhambane (où le réalisateur portugais a vécu en 2010), au Mozambique, c'est un portrait fragmentaire d'une jeunesse, entre le marché, la drague, le rêve d'exil, un studio d'enregistrement, le fol espoir de richesse, un baobab, des cocotiers, avec des dialogues sur le vif. Le titre signifie " A la recherche de Nafta ", en langue gitonga ; Nafta est une amie mozambicaine dont il a perdu la trace.

 

 

Tous les quinze jours, Antoine, cinq ans, passe le week-end chez son père. Le temps leur est compté, limité, condensé. Pour eux, deux jours à faire, refaire, apprendre, comprendre l'un de l'autre et l'un pour l'autre, c'est peu… Le père ouvre à son fils le territoire initiatique de la forêt où tuer n'est pas jouer. Mais au retour de la chasse, père et fils sont tout aussi désarmés : Antoine refuse d'apprendre à lire, et son père sait que cette forêt inconnue, celle de la vie, est encore plus dangereuse si l'on s'y perd. C'est le sujet du long métrage documentaire La plume du peintre de la réalisatrice française Marie Kâ (homonyme de la réalisatrice Marie Kâ, Sénégalo-Martiniquaise et pas Guadeloupéenne comme écrit précédémment - qui n'a pas réalisé ce film sélectionné au cinéma du réel 2017 : elle a bien voulu avertir notre rédaction des erreurs contenus dans l'article original (toutes nos excuses), auteure des courts métrages fiction Didi et Gigi, 2008, L'autre femme, 2013, soutenu par l'OIF). Elle vit en Champagne-Ardennes ; elle est en Compétition Française et en Première Mondiale.

 

Depuis sa création, Cinéma du réel s'est imposé comme le festival de référence du cinéma documentaire en France. À l'écoute de la diversité des écritures, des formes et des idées, il rassemble aujourd'hui un public large, fidèle, attentif et curieux. Cette année, il fête le centenaire du réalisateur français, Jean Rouch, un des fondateurs du festival international de documentaire.

 

 


Thierno I. Dia

Bordeaux, Africiné Magazine

pour Images Francophones

en collaboration avec Africultures



Palmarès de la 39e édition

Grand Prix Cinéma du Réel : MAMAN COLONELLE de Dieudo Hamadi (République Démocratique du Congo / France)

Prix International de la SCAM : NO INTENSO AGORA de João Moreira Salles (Brésil)

Prix Joris Ivens / Cnap : ON THE EDGE OF LIFE (ALA HAFET ALHAYAT) de Yaser Kassab (Syrie)

Prix du Court métrage : NYO VWETA NAFTA d'Ico Costa (Mozambique, Portugal)

Mention spéciale // ALAZEEF de Saif Alsaegh (USA)

Prix de l'Institut français Louis Marcorelles : DERNIERS JOURS A SHIBATI d'Hendrick Dusollier (France)

Mention spéciale // CHAQUE MUR EST UNE PORTE d'Elitza Gueorguieva (France)

Prix des Jeunes - Cinéma du réel : DERNIERS JOURS A SHIBATI d'Hendrick Dusollier (France)

Mention spéciale // JE NE ME SOUVIENS DE RIEN de Diane Sara Bouzgarrou (France)

Prix des Bibliothèques : NO INTENSO AGORA de João Moreira Salles (Brésil)

Mention spéciale // CHAQUE MUR EST UNE PORTE d'Elitza Gueorguieva (France)

Prix du Patrimoine de l'Immatériel : BOLI BANA de Simon Coulibaly Gillard (Belgique)

Mention spéciale // HAMLET EN PALESTINE de Nicolas Klotz et Thomas Ostermeier (France, Allemagne)

Prix de la Musique Originale : Décerné par Selma Mutal, il récompense un film de l'une des quatre sections compétitives. NO INTENSO AGORA de João Moreira Salles (Brésil). Compositeur: Rodrigo Leão

Le prix des détenus du Centre Pénitentiaire de Bois d'Arcy : Décerné par un jury de détenus à un film de la Compétition Internationale Court-métrage. THROUGH THE LOOKING GLASS de Yi Cui (Chine)

Mention spéciale // NOW HE'S OUT IN PUBLIC AND EVERYONE CAN SEE de Nathalie Bookchin (USA)



Image : Scène du film, avec la Colonel Honorine Munyole, dans Maman Colonelle (Mama Colonel), de Dieudo Hamadi, réalisateur congolais

Crédit : DR

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