À la faveur de la 5ème édition de Lagunimages au Bénin, des formations ont eu lieu à l'Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel (Isma).Celle de Bärbel Mauch, productrice allemande, portait sur la "démarche rationnelle d'une production"
C'est un labyrinthe auquel nul ne peut échapper. Le circuit de financement de films, malgré ses cures d'amaigrissement répétées, ne se gêne pas pour redoubler de vigilance. Il obéit plus que jamais à des lois essentielles.
Bärbel Mauch, productrice allemande, a livré des clés d'un montage de dossier idéal, qui se repère facilement dans ses informations efficaces et précises. Ne jamais oublier par exemple de mettre ses coordonnées, encore moins de faire une brève présentation de son film.
Au cours de la formation qui s'est tenue à l'ISMA, elle a martelé la nécessité de frapper à plusieurs portes en ciblant différents partenaires, et donc d'accroitre les chances de séduction du projet. Cependant, a-t-elle insisté, le réalisateur ne doit pas sacrifier l'âme de son œuvre par des concessions massives, un reniement qui peut déboucher sur d'amers regrets. "Il ne faut pas tout accepter du partenaire", a-t-elle mis en garde, même si, à l'en croire, les compromis sont nécessaires au sourire des deux parties.
Autre réflexe important, celui qui consiste à bien ficeler le dossier avant son arrivée devant les guichets.
Bärbel Mauch a aussi indiqué que la réalisation d'un film étant une aventure complexe, il faut éviter de l'enfermer dans un seul courant d'idées mais plutôt l'ouvrir à plusieurs avis. "Il est très important d'avoir un miroir, c'est-à-dire quelqu'un avec qui on peut discuter ; quand on est seul, on se perd", a-t-elle aussi conseillé. À coup d'exemples prélevés dans sa propre expérience, elle a rappelé les richesses d'une telle démarche, qui permet entre autres au réalisateur de rester cramponné au volant de son scénario, de garder toujours à l'esprit le but ultime de son travail. La productrice allemande a aussi regretté que cette recette ne soit pas toujours de mise dans le cinéma africain.
Abordant le registre des contrats, elle a vivement recommandé aux étudiants de faire signer des contrats à tout le monde, même "aux meilleurs amis". Cela pour deux bonnes raisons : d'abord parce que c'est une exigence des financiers et ensuite pour éviter des procès inutiles.
Avant de donner toutes ces explications, elle avait projeté le documentaire Le malentendu colonial de Jean Marie Teno, un film qu'elle a coproduit avec le réalisateur. Cela lui a permis de camper le décor de son intervention en révélant les échanges constructifs qu'elle a eu avec son partenaire aussi bien dans la manière de conduire le film que dans la recherche de financement.
Le réalisateur béninois basé en France, Atisso Medessou, a quant à lui instruit son auditoire sur un métier qui se développe de plus en plus : les fixeurs. Ce sont des gens qui assurent la bonne garantie du tournage. "La réussite de sa mission dépend de sa qualité, de son carnet d'adresse, de sa facilité à régler les problèmes", a-t-il soutenu. Idrissou Mora Kpai et Branwen Okpako ont également développé certains thèmes au cours de leur rencontre avec les futurs réalisateurs.
Fortuné Bationo