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Absence de films africains dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs 2013
La déclaration du Délégué Général Edouard Waintrop fait jaser
critique
rédigé par Fatou Kiné Sène
publié le 28/04/2013
Edouard Waintrop, Délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs
Edouard Waintrop, Délégué général de la Quinzaine des Réalisateurs
Fatou Kiné Sène (Africiné)
Fatou Kiné Sène (Africiné)
Affiche 2013 - Quinzaine des réalisateurs
Affiche 2013 - Quinzaine des réalisateurs
Baba Diop, Président de la FACC, Dakar
Baba Diop, Président de la FACC, Dakar
Grisgris (Haroun, 2013, Tchad)
Grisgris (Haroun, 2013, Tchad)
Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos dans La Vie d'Adèle (Abdellatif Kéchiche, 2013, France)
Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos dans La Vie d'Adèle (Abdellatif Kéchiche, 2013, France)

Les réactions n'ont pas manqué hier après la sortie du Délégué Général de la Quinzaine des réalisateurs du 66ème festival de Cannes, Edouard Waintrop, qui se défend d'avoir vu un film africain "très intéressant" méritant d'être sélectionné. Pour les critiques du continent, c'est une méconnaissance de l'état de la production cinématographique.

La 45ème Quinzaine des Réalisateurs de la 66ème édition du festival de Cannes - prévue du 15 au 26 mai prochain - a dévoilé sa sélection le 23 mars dernier. Sur les vingt-et-un films retenus, aucun ne vient de l'Afrique. Sur le site de Radio France internationale, le Délégué Général, Edouard Waintrop [à lire ici], se défend d'avoir vu un film africain "très intéressant" sur les 3.311 films reçus dont 1.400 longs métrages.

Pour le Président de la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (Facc), Baba Diop, cela résulte d'une "méconnaissance de l'état de la production cinématographique en Afrique". Avant d'ajouter : "C'est montrer son ignorance et son manque d'intérêt pour les cinémas en Afrique". Selon lui, il y a des films africains très intéressants projetés au Fespaco, à Carthage, à Berlin "dignes d'aller dans ces compétitions".
Son collègue critique Thierno Ibrahima Dia regrette l'immodestie et les explications vaseuses que servent certains sélectionneurs pour cacher leur faute de goût. Interpellé par téléphone, il affirme que "c'est un raccourci qui n'honore pas le Délégué Général, Edouard Waintrop".

Ignorant le mode de sélection à Cannes, Baba Diop soutient que beaucoup d'organisateurs de festivals voyagent et vont à la découverte des cinémas du monde. Le critique français, Olivier Barlet ne croit pas que Cannes (qui a des sélections très différentes et autonomes) soit en cause en soi, mais plutôt la compétition entre les grands festivals. "Cannes, le temple, est si difficile à obtenir que les producteurs tablent sur Venise ou Berlin comme rampe de lancement", dit-il. Pour lui, "l'apport de l'Afrique est sous-estimé, peu perçu. Le milieu du cinéma n'y est pas sensible".
Donnant des exemples, le Sénégalais Thierno Dia indique que le cinéma sud-africain est difficilement contournable, tout comme la cinématographie marocaine, kenyane, égyptienne. "Même le Sénégal, qui s'était endormi, voit une génération qui fleurit bon à Berlin, Carthage, Ouaga, Seattle ou Milan", indique-t-il. Ces films que Cannes considère du bout des doigts, la critique africaine les voit à leur juste valeur. "Il semble que ce n'est qu'à Cannes, temple du grand jugement du ‘très intéressant' (pour reprendre le mot du Délégué Général Édouard Waintrop) où la considération manque", fait-il savoir.

Le dédain de Cannes est si récurrent qu'il semble que beaucoup de cinéastes africains n'ont plus ce festival français comme tremplin. Selon ces critiques africains, les cinémas africains ont changé : plus professionnels, avec des personnages bien incarnés. "Regardez les films de Mama Keita (Guinée/Sénégal), Haile Gerima (Ethiopie), Mahmoud Ben Mahmoud (Tunisie), tous ces grands cinéastes n'ont pas raté Cannes, c'est le festival cannois qui les a ratés", affirme avec force Thierno Ibrahima Dia, établi à Bordeaux.

Deux films africains dans la sélection officielle

Contrairement à cette sélection parallèle (Quinzaine des réalisateurs), le cinéma africain sera bien représenté au festival de Cannes 2013. Deux réalisateurs du continent figurent dans la sélection officielle. Le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun avec son film Grigris et le Franco-Tunisien Abdellatif Kéchiche avec La vie d'Adèle [lire la critique d'Hassouna Mansour sur son précédent film] seront sur la Croisette. "Sans Cannes, les cinémas africains boitent un peu (car l'écho médiatique que procure le festival est important), néanmoins ils marchent et se révèlent des danseurs, à l'image du personnage de Grigris de Haroun", remarque le critique Dia.
Le festival de Cannes réunit cette année 19 films pour la course à la Palme d'or et 21 films dans la sélection Quinzaine des réalisateurs [voir site officiel].

Fatou K. SENE

article paru dans le quotidien Walfadjri (Dakar).

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