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Cannes 2015 : un (arrière-) goût d'Afrique
critique
rédigé par Thierno Ibrahima Dia
publié le 24/04/2015
Le cinéaste malien Souleymane Cissé, devant le Temple de Karnak, Egypte
Le cinéaste malien Souleymane Cissé, devant le Temple de Karnak, Egypte

L'Éthiopien Yared Zeleke à " Un Certain Regard ". Souleymane Cissé (photo) présente Oka.

(Article mis à jour le 06 mai 2015)

Le continent africain est composé de 54 nations (la précision et le nombre ne sont pas minces) ; aucune ne figure dans la Compétition Officielle de la 68ème édition du Festival de Cannes (13-24 mai 2015, France). La Quinzaine des réalisateurs (nouveau film de Nabil Ayouch, Maroc) et la Semaine de la Critique (films sur l'Afrique ou par la Diaspora) font exception au marasme. Abderrahmane Sissako préside le Jury courts métrages et Rokia Traoré est dans le Jury Longs métrages. Oka de Souleymane Cissé est projeté en Séance Spéciale.

 

 


Après Timbuktu, le Mali, en Sélection Officielle (Jury) et Séances Spéciales

 

La 68ème édition du Festival de Cannes 2015 se passe du 13 au 24 mai 2015. Le festival français fait l'impasse sur les cinémas africains pour disputer la prestigieuse Palme d'Or. L'année passée Timbuktu avait créé l'émoi sur la Croisette (hélas pas chez la majorité des membres du Jury Officiel). Son réalisateur, Abderrahmane Sissako, n'était pas parti pour autant bredouille. Ses valeurs humanistes et sa sensibilité ont été récompensées par le Prix du jury oecuménique (Signis) et le Prix François-Chalais. Ce dernier avait déjà été décerné à un cinéaste africain : le Marocain Nabil Ayouch en 2012 pour Les Chevaux de Dieu. 7 Césars (dont celui de Meilleur film) et une nomination aux Oscars (pour le Meilleur film en langue étrangère 2015) plus tard, des attaques ad hominem ont rebondi. Si certaines sont effarantes : "Bernard-Henri Lévy des dunes", …, d'autres critiques posent de bonnes questions sur son alliance - en tant que Conseiller Culturel - avec le contesté président mauritanien (arrivé suite à un coup d'État),  néanmoins il l'assume et s'en est expliqué sans faux-fuyant. Ces polémiques aux lance-flammes, pour une bonne part infantiles, n'ont pas entamé le grand respect qu'inspire la qualité d'un film porté par des techniciens majoritairement africains et une productrice comme en rêveraient beaucoup de cinéastes (Sylvie Pialat, Les Films du Worso, France). Avec Timbuktu, le réalisateur (de père malien et de mère mauritanienne) signe un film essentiel. Il permet d'installer la réflexion et la compassion, les deux composantes de la théorie prônée face à la violence (extrême ou pas) par le psychanalyste autrichien Bruno Bettelheim (Le cœur conscient, essai) qui fût interné dans les camps nazis. Il s'agit de restituer un visage humain aux monstres autoproclamés, pour les empêcher de se défausser de leur responsabilité devant le mal absolu et si ordinaire hélas, tout en leur refusant l'ambition de nous déshumaniser (en voulant ramener les êtres humains au simple rang de victimes) Quant au parcours, il est tout simplement exceptionnel !

 

Tout d'abord, c'est l'Afrique qui lui décernera son premier Prix du meilleur film (Festival de Durban 2014, Afrique du Sud). Une programmation brouillonne à Dakar fin novembre 2014, en marge du sommet de la francophonie, lui fera rater une belle rencontre avec le public. Fin mars 2015, la ferveur du public au Sénégal est intacte : la salle Samba Félix Ndiaye de l'institut français de Dakar refuse du monde à chaque programmation (A. Sissako refait le déplacement, comme durant le Sommet de la Francophonie, en novembre dernier). Timbuktu poursuit encore une extraordinaire percée dans le cœur des cinéphiles et d'une large part des critiques de cinéma. Outre-Atlantique, il vient de dépasser la barre du million de dollars de recettes (aune de mesure dans les salles américaines), en France, il est à 1.168.889 entrées (source : JPbox-office.com). Le Fespaco 2015 a failli déprogrammer le film, par crainte de possibles attentats sur la terre burkinabée, selon plusieurs sources sérieuses. Après un appel ferme du président de la transition, Michel Kafando, à projeter le film, le festival panafricain en sera quitte avec un déni mou, face à une mobilisation des critiques de cinéma et aussi des cinéastes africains qui ont compris l'urgence de taire leurs habituelles querelles fratricides pour célébrer une réussite qui rejaillit sur tout le continent et crée une saine émulation.

 

Souleymane Cissé est un modèle pour les professionnels maliens. Une décennie après le Sénégalais Sembène Ousmane et la Guadeloupéenne Sarah Maldoror, le réalisateur de la trilogie Finyè, Yeleen et Waati, est lui aussi allé se former au VGIK, l'Ecole nationale de cinéma de Moscou (ancienne URSS). A. Sissako et Abdoulaye Ascofaré (Faraw ! Une mère des sables, 1997) leur ont emboité le pas.

 

Le clin d'œil de l'histoire fait que Souleymane Cissé  et A. Sissako (citant le Sénégalais Djibril Diop Mambéty comme référence) se retrouvent à Cannes la même année. Le Mauritanien-Malien a l'insigne honneur d'être le Président du Jury de la Cinéfondation et des Courts métrages. O Ka (auparavant intitulé Soba), fait le portrait de quatre femmes sommées par la justice de quitter leur maison qui appartient à leur famille depuis plusieurs générations. Il était très attendu ; il est programmé à Cannes en Séance spéciale. C'est sa Première Mondiale.

 

Un Certain Regard, sourd à l'Afrique ? Yared Zeleke, repéché

 

Sembène Ousmane (Sénégal) avait eu le Prix Un certain regard, en 2004, pour Moolaadé ; ce qui avait contribué à donner un coup de fouet à son film. Run du Ivoiro-Français Philippe Lacôte était à Un certain regard en 2014, pour son premier long métrage fiction avec Abdoul Karim Konaté, Isaach de Bankolé et Rasmané Ouédraogo, dans les rôles principaux.  Il distingue des auteurs qui peuvent prétendre, avec une deuxième ou troisième œuvre, à la Compétition Officielle. Ou alors, permettre de retenir des films qui n'ont pu, pour des raisons diverses et variées, aller à la catégorie reine, pour la Palme d'Or.

Jusqu'à ce jeudi 23 avril en début de soirée, il était possible de croire que cette section avait décidé de ne pas prêter l'oreille à l'Afrique. Coup de théâtre, le festival de Cannes a publié un complément de sélection dont fait partie Lamb de l'Éthiopien Yared Zeleke. Il avait déjà pris le relais de Philippe Lacôte l'année dernière. En effet, il avait été sélectionné en 2013, à Cannes (à l'étape du scénario), pour l'Atelier de la Cinéfondation où le cinéaste ivoirien avait été lauréat en 2012. Ce dernier figurait parmi les coproducteurs de Lamb. Aujourd'hui, c'est Slum Kid Films, Gloria Films, Heimat Films, Dublin Films (Bordeaux) et Film Farms qui en sont désormais les producteurs, avec le soutien du Programme ACPCulturesPlus (Union européenne, Secrétariat des Etats ACP), de la Région Aquitaine, du CNC (Aide au Cinéma du Monde), FFA et CNC (mini-traité Franco Allemand),  ZDF Arte, Sorfond, Doha Film Institute, EZEF, Visions Sud Est. Le film sera distribué en France par Haut et Court. Les ventes internationales sont assurées par Films Distribution.

Cette sélection est aussi un hommage à un système français (et européen, Programme ACPCulturesPlus) de soutien au cinéma qui fait ses preuves, malgré certains aspects que nous analyserons plus tard. Basé à Bordeaux (Aquitaine), Dublin Films a coproduit le dernier long-métrage du réalisateur américain Abel Ferrara (Pasolini, 2014), avec le soutien de la Région Aquitaine. Dirigée par David Hurst et Fabrice Main, la société bordelaise a produit le très beau court métrage Kédéba de Elhachmia Didi-Alaoui (fiction tournée à Pau, France) et Lionnes : enquête sur une reconstruction au féminin de Frédéric Kristiansson avec Rodrigue de Ferluc.

 

Dans les terres volcaniques d'Éthiopie, Yared Zeleke déroule l'histoire d'Ephraim, un garçon de neuf ans, et de son inséparable brebis Chuni. L'attachement de l'enfant pour son animal a grandi avec la mort de sa mère lors des famines. La disette n'est jamais bien loin et la brebis fait naître des convoitises que son ami va devoir déjouer.

 

Quinzaine des réalisateurs : Nabil Ayouch, Diaspora, courts métrages

 

Nabil Ayouch offre la Première Mondiale de son film Much Loved ("Très aimées", en anglais), à la Quinzaine des Réalisateurs. Son nouveau long métrage tourne autour de Noha, Randa, Soukaina et Hlima qui vendent de l'amour. Elles sont prostituées, à Marrakech. Son impressionnant Les Chevaux de Dieu n'avait pas eu la carrière méritée en salles. Il y refaisait le parcours de jeunes à l'avenir obstrué qui se sont retrouvés embrigadés dans un extrémisme religieux meurtrier.

C'est Renaud de Rochebrune du magazine Jeune Afrique qui attire notre attention sur le fait que le réalisateur américain Rick Famuyima a ses racines nourries par le sol du Nigéria. Il réalise Dope sous bannière américaine, c'est le film de clôture à cette Quinzaine 2015. Shameik Moore, l'acteur principal, est lui aussi doublement de la diaspora : il est né à Atlanta de parents jamaïcains. Il incarne un jeune geek (passionné de nouvelles technologies) qui cherche sa voie.

 

La diaspora est très présente dans cette section. On lui doit pas moins de trois courts métrages. Quelques secondes de la jeune Nora El Hourch (France) est produit par Marie Jardillier & Emma Javaux (Maja Films, Paris). C'est l'histoire de Sam et Zineb qui évoluent dans un Centre d'Hébergement et de Réinsertion Sociale de Paris. Elles et leurs trois amies du centre sont toutes hantées par un passé chargé (viol, abandon, violences…) mais Zineb tente d'avancer et préfère voir le verre à moitié plein, ce qui n'est pas le cas de Sam. Les cinq femmes sont interprétées par Marie Tirmont, Charlotte Bartocci, Camille Lellouche, Maly Diallo et Charlotte-Victoire Le Grain. Le film a bénéficié du dispositif des Talents en Court du Comedy Club en avril 2014 (association Les Ami(e)s du Comedy Club, présidée par l'humoriste Jamel Debbouze).

Après son précédent film si âpre (The Curse / La Malédiction), le Marocain-Britannique Fyzal Boulifa revient dans Rate me (avec Zehra Zorba, interprète de Coco) avec un sujet qu'il avait abordé : le portrait d'une adolescente qui se prostitue. En 2012, il avait eu le Prix Illy du Court Métrage à la Quinzaine des Réalisateurs avec The Curse.

César 2015 du meilleur acteur dans un second rôle (pour Hippocrate) et Prix Patrick Dewaere 2015, acteur principal dans les récents longs métrages Loin des hommes et Qui vive, l'acteur Reda Kateb passe derrière la caméra. Il réalise Pitchoune pour lequel nous n'avons pas encore assez d'informations.

 

Semaine de la critique : Burkina, Mauritanie, Diaspora (Tahar Rahim, Jonas Carpignano)

 

Né sur le continent (à Oujda, au Maroc), le réalisateur français Philippe Faucon se glisse - pour la première fois dans le cinéma hexagonal semble-t-il - dans l'intimité d'une famille africaine expatriée (où le père est absent). Il dresse le portrait de Fatima, femme de ménage d'origine algérienne qui élève seule ses deux filles adolescentes nées en France. Nasrine, la fille aînée, a 18 ans et entame des études en médecine. Souad, la fille cadette, 15 ans, est lycéenne et adolescente en révolte.

Pour Olivier Père, coproducteur du film avec Arte France Cinéma, "[…] Philippe Faucon pose un regard juste sur la question de l'intégration et rend compte du décalage entre les générations d'immigrés, la difficulté d'une femme isolée à trouver sa place dans la société française et à garantir un avenir à ses enfants." Le film est librement adapté du récit autobiographique "Prière à la Lune" de Fatima Elayoubi (Ed. Bachari).

Sa mère est Africaine-Américaine et son père Italien, Jonas Carpignano revendique son métissage. L'action de son Mediterranea se déroule en Italie avec deux Burkinabès, le jeune Ayiva et Abas son meilleur ami, qui ont quitté le pays des hommes intègres afin de subvenir aux besoins de leurs familles. Des tensions apparaissent avec les Italiens. Koudous Seihon reprend le rôle qu'il tenait dans le court métrage A Chjàna (2012) développé ici en long métrage. Abas est joué par l'acteur sénégalo-mauritanien Alassane Sy, révélé par le long métrage Restless city (2010) du Nigérian Andrew Dosunmu où il tenait le rôle principal, juché sur son scooter, à New-York, la musique aux oreilles et le cœur lové dans les entrailles d'une Nigériane prostituée.

L'acteur Tahar Rahim (Un Prophète, Samba avec Omar Sy et récemment rôle principal dans Père Noël) est également à l'honneur. Il joue dans Les Anarchistes (The Anarchists) du Français Elie Wajeman (Première Mondiale). C'est le film d'ouverture de cette section parallèle. Tahar Rahim est le brigadier Jean Albertini, pauvre et orphelin, choisi pour infiltrer un groupe d'anarchistes, dans un Paris reconstitué d'époque (l'action se déroule en 1899, l'année des grands massacres coloniaux français au Tchad avec la colonne Voulet Chanoine). Le reste du casting est constitué principalement d'Adèle Exarchopoulos (révélée par La vie d'Adèle d'Abdellatif Kéchiche), Swann Arlaud, Guillaume Gouix, Karim Leklou, Cédric Kahn,





 

Mathieu Vadepied (France) a un pedigree conséquent. Comme directeur de la photo, il a signé la lumière des films de François Ozon (3 courts métrages), Xavier Durringer (J'irai au paradis car l'enfer est ici) et Agnès Varda. C'est lui aussi qui a fait la photo du deuxième plus grand succès du box-office français : Intouchables avec Omar Sy, réalisé par Eric Toledano et Olivier Nakache. Ces deux cinéastes sont du reste les producteurs associés de La Vie en grand (Learn by Heart), son premier long métrage de fiction comme réalisateur (après plusieurs courts). Détail d'importance : les deux films qu'il a photographiés sont africains. Il a fait la lumière du long métrage Samba Traoré d'un des plus grands cinéastes contemporains, Idrissa Ouédraogo (Burkina faso) et du court métrage Denko du Guinéen Mohamed Camara, tous deux en 1992, excusez du peu.

La Vie en grand (Learn by Heart) nous plonge dans la vie d'Adama, un adolescent de 14 ans qui vit avec sa mère dans un petit deux-pièces à Bondy, en banlieue parisienne. Même si c'est un élève prometteur, il est en échec scolaire. Suite à un événement inattendu, il va renverser la vapeur, en compagnie de Mamadou, plus jeune que lui. Le tournage a eu lieu à Stains, région parisienne. Au casting, Balamine Touré, Ali Bidanessy, Guillaume Gouix, Léontina Fall, Bass Dhem, Idrissa Diabaté, … pour ne citer que ceux-là.

 

 

Sélection ACID 2015 : l'Égypte (ou presque)



C'est à l'ACID que la réalisatrice Kaouther Ben Hania a été sélectionnée en 2014. Son film Le Challat de Tunis y a trouvé un distributeur. Il est depuis le 1er avril 2015 sur les écrans en France, se classant à la 39e place au box office, avec 5.294 entrées dans 19 salles, dès sa première semaine.

Ce sont les cinéastes qui choisissent une dizaine de films dont ils favorisent la diffusion en salles. Cette année, l'Afrique y est "par procuration", avec Je suis le peuple, un documentaire sur l'Egypte réalisé par Anna Roussillon. C'est le premier long métrage de la cinéaste française qui interroge le regard de Farraj, un paysan égyptien, sur la révolution qui est partie de la place Tahrir et les évènements politiques qui secouent son pays.

 

 

Nollywood au Jury ?

 

Cette liste de films n'est pas forcément exhaustive, car le résumé de bien des films n'est pas encore connu (merci à Olivier Barlet pour sa relecture et ses orientations). Par exemple, Il faudra y ajouter Les Mille et une Nuits de Miguel Gomes (Quinzaine des Réalisateurs 2015). Le réalisateur portugais qui avait fait Tabou propose une revisitation de l'orientalisme avec l'adaptation du célèbre récit. Les sujets des films retenus au Festival de Cannes 2015 soulignent la volonté des cinéastes africains et Diaspora de traduire les réalités multiples du continent ainsi que des sociétés qui accueillent ses expatriés. Africain de naissance, Philippe Faucon s'empare d'un sujet qui souligne un changement de mentalité chez les expatriés africains en Europe : pouvoir se projeter un futur là ils ont planté leurs racines et rejeter l'illusion qui ont marqué les générations précédentes qui vivaient dans l'ambition du retour au pays natal (où ils sont devenus des étrangers à leur corps défendant), sans jamais s'autoriser à (se) construire dans le pays où ils se sont installés. Les racines appartiennent à l'arbre, pas au sol, tel pourrait être la morale de ce revirement des diasporas africaines, à l'instar d'autres communautés qui ont adopté le pragmatisme.

Après le formidable écho de Timbuktu dans les salles et sa flopée de prix, il était attendu un effet de levier dans les sélections cannoises cette année. Néanmoins, malgré la pointe de déception et d'amertume, l'Afrique ne fait pas totalement chou blanc. Abderrahmane Sissako comme Président de Jury, ce n'est pas un mince honneur, ni la présence de Rokia Traoré au jury officiel ou encore Souleymane Cissé. Rien n'aurait empêché un signal plus fort encore comme de convier au jury une des stars de Nollywood (Genevieve Nnaji, …), malgré toute la réserve à avoir sur la qualité esthétique de cette production nigériane pléthorique qui, néanmoins, s'impose comme un poids lourd dans la production d'images.

 

La Fabrique des Cinémas du Monde : trois projets de Tunisie, Madagascar et Égypte



Le comité de sélection de La Fabrique des Cinémas du Monde a choisi cette année 10 projets (8 longs-métrages de fiction et 2 documentaires), parmi lesquels La Belle et la meute (Eft Hyati) de la réalisatrice Kaouther Ben Hania (Tunisie), produite par Habib Attia (Cinetelefilms).

Avant de se confronter encore à l'exercice de défendre son projet de film face aux potentiels producteurs / distributeurs à Cannes, la Tunisienne fait ses preuves avec son producteur Habib Attia (Cinétéléfilms) à Oslo : le Fonds Sørfond a décerné 500 000 couronnes norvégiennes (59 200 euros). En Norvège, le même projet portait le titre de I Hate my life(" Je hais ma vie ", en anglais) coproduit  par la société norvégienne Integralfilm AS (Jørgen et Nefise Özkal Lorentzen). Son film suit une jeune femme victime d'un viol, ballotée entre l'hôpital et la police. Le Fonds Sørfond vise à encourager les professionnels norvégiens à coproduire des films du Sud. 63 projets ont été inscrits et 7 financés sur un budget de NOK 3 million (EUR 383.510) cette année.

 

Chaque édition  est parrainée par un réalisateur de renommée internationale; cette année c'est la cinéaste française Claire Denis. La Fabrique des Cinémas du Monde est organisée par l'Institut français, en étroite relation avec le Festival de Cannes, le Marché du Film, et pour partenaires officiels l'Organisation Internationale de la Francophonie et France Médias Monde - RFI, France 24, Monte Carlo Doualiya.

Les deux autres projets africains à la Fabrique des Cinémas du Monde sont Fleur de cactus (Cactus Flower | Zahret Al Sabbar) d'Hala Elkoussy, produit par Hossam Elouan (Transit Films, EGYPTE) et African cinema (Madagasikara Tanindrazanay) d'Haminiaina Ratovoarivony, produit par Éva et Nantenaina Lova (Endemika Films, MADAGASCAR).

 

Centre du Cinéma arabe - Arab Cinema Center (ACC), au Marché du film



Lancé avec succès au Festival de Berlin, le Centre du Cinéma arabe tient un stand pour sa seconde fois et au Marché du film de Cannes. L'ambition est d'être un espace pour le cinema arabe, en réunissant 17 sociétés et organisations cinématographiques de 8 pays arabes et européens. C'est MAD Solutions qui organise cette plateforme arabe qui entre dans sa stratégie de promouvoir et soutenir l'industrie cinématographique du monde arabe.

C'est l'Egypte qui domine largement dans les 17 dont les activités vont de la production à la distribution, en passant par le soutien et la promotion du cinéma arabe : Film Clinic (Egypte), The Imaginarium Films (Jordanie), The Producers (Égypte, Emirats Arabes Unis), Crystal Dog (Égypte), Festival International du Cinéma oriental de Genève (FIFOG, Suisse), The Friends (Égypte), Seat 26 (Liban), True Motion (Égypte), Robert Bosch Stiftung Foundation (Allemagne), Cinema Akil (Émirats Arabes Unis), Silk Road Film Festival (Irlande), Fonds Etisal du Festival du Cinéma africain de Louxor (Égypte), Prix du Cinéma du Ministère de l'Intérieur (Émirats Arabes Unis), Salam PROD (Égypte), Centre indépendant du cinéma irakien (Irak), Free TV (Égypte) and MAD Solutions (Égypte, Émirats Arabes Unis).

Les pays africains prennent des stands au Marché du film et au Village International. L'Afrique du Sud a déjà annoncé sa présence. La Tunisie, le Kenya, l'Algérie sont généralement réguliers. À voir pour le Cameroun, l'Ethiopie, la Côte d'Ivoire qui tous trois sont venus promouvoir leur cinématographie, pour la première fois en 2014, à Cannes ; le Gabon fait figure d'habitué.

 

Thierno I. Dia

Africiné, Bordeaux


pour Images Francophones

 



 

Cannes 2015 (liste synthétique non exhaustive)

 

Un Certain regard

www.festival-cannes.com

* Lamb, long métrage du réalisateur Yared Zeleke (Éthiopie), Première Mondiale.



Jury Officiel

* Rokia Traoré (chanteuse, compositrice, musicienne, Mali), Membre.

 

Jury Cinéfondation et Courts métrages

* Abderrahmane Sissako (réalisateur, producteur, Mali / Mauritanie), Président.

 

Séances spéciales

* Oka, long métrage du réalisateur Souleymane Cissé (Mali), Première Mondiale.

 

Quinzaine des réalisateurs

www.quinzaine-realisateurs.com

* Much Loved, de Nabil Ayouch (Maroc / France), Première Mondiale.

* Fatima, de Philippe Faucon / 1h18 (Première mondiale)

* Dope, de Rick Famuyiwa / 1h45 (Première internationale - film de clôture)

* Pitchoune, de Reda Kateb / 23 min (Première mondiale)

* Quelques secondes, de Nora El Hourch / 16 min (Première mondiale)

* Rate me, de Fyzal Boulifa / 15 min (Première mondiale)

 

Semaine de la critique 2015

www.semainedelacritique.com

* Les Anarchistes (The Anarchists), avec l'acteur Tahar Rahim., Première Mondiale (Film d'ouverture)

* La Vie en grand (Learn by Heart), de Mathieu Vadepied, avec Balamine Touré, Ali Bidanessy, Guillaume Gouix, Joséphine De Meaux, Léontina Fall, Adama Camara, Bass Dhem, Aristide Tarnagda, Bakary Dramé, Kévin Wam, Idrissa Diabaté, … (Première Mondiale)

* Mediterranea, de Jonas Carpignano (Etats-Unis), avec Koudous Seihon et Alassane Sy,Première Mondiale

 

Sélection ACID 2015

www.lacid.org

*
Je suis le Peuple, de Anna Roussillon (France), tourné en Egypte



La Fabrique des Cinémas du Monde 2015 (Le Pavillon des Cinémas du Monde)

www.lescinemasdumonde.com/

- EGYPTE - Cactus flower d'Hala Elkoussy, produit par Hossam Elouan (Transit Films)

- MADAGASCAR - African Cinema d'Haminiaina Ratovoarivony, produit par Eva et Nantenaina Lova (Endemika Films)

- TUNISIE - La belle et la meute de Kaouther Ben Hania, produit par Habib Attia (Cinetelefilms)

et francophonie oblige : - LIBAN - Miguel's war d'Eliane Raheb (Itar Productions) - Documentaire



Marché du Film

Projection du film L'homme qui répare les femmes - la colère d'Hippocrate de Thierry Michel et Colette Braeckman, lundi 18 mai à 9h30. Ce film consacré au Docteur Mukwege a été produit avec le soutien de l'OIF (Direction des Droits de l'Homme) : http://mukwege-lefilm.com/



 

Illustration : Le cinéaste malien Souleymane Cissé, devant les statues du Temple de karnak, Egypte

Crédit : Thierno I. Dia / Africiné


Thierno I. Dia

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