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Wa Thakarina Unthana (Aux hommes et aux femmes), d'Ahmad Alyaseer (Jordanie)
Il faut savoir vaincre les tabous
critique
rédigé par Lotfi Ben Khelifa
publié le 23/02/2023
Lotfi BEN KHELIFA (Tunis), Rédacteur à Africiné Magazine
Lotfi BEN KHELIFA (Tunis), Rédacteur à Africiné Magazine
Ahmad Alyaseer, réalisateur jordanien
Ahmad Alyaseer, réalisateur jordanien
Scène du film
Scène du film
Scène du film
Scène du film

Wa Thakarina Unthana (Aux hommes et aux femmes / Our Males and Females) est un audacieux court-métrage jordanien de 11 minutes. Réalisé par Ahmad Alyaseer, il a été projeté en compétition officielle (programme I13) à la 45è édition du festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand (27 janvier-4 février 2023.) Le non-dit y est déclaré sur grand écran.



Le film aborde autrement la question taboue de la transsexualité dans une société arabo-musulmane conservatrice. Car il y est de tradition de ne pas accepter ce genre de personnes, les transgenres. Dans cette histoire, qui se passe dans un village, le jeune homme est rentré de l'étranger mort sous l'aspect d'une jeune fille, après y avoir effectué une intervention chirurgicale pour changer de sexe.

Son cadavre doit recevoir la toilette des morts avant son enterrement, mais personne parmi les nombreux assistants et assistantes funéraires ne veut accomplir cette tâche, en découvrant que le jeune homme est une jeune fille. Le réalisateur insiste sur le désarroi de ses parents frappés par ce scandale et dont les rôles sont interprétés par Kamel Bacha et Chafika Attal.

La problématique du corps après la mort est posée dans ce film. Elle est encore plus compliquée, car il s'agit d'un corps que la société refuse de voir et d'enterrer. Le film anticipe sur cette problématique qui demeure sans solution aucune. Car même dans une situation où le côté humain doit prévaloir, l'indifférence et le refus restent présents chez les voisins des parents du mort. Ils semblent les accuser d'avoir démoli la société. Cela n'est de nature qu'à augmenter leur chagrin en les faisant entrer dans un tourbillon de désespoir et de tristesse absolus. Cela se traduit par les ombres et les opacités de leur visage.

Bien que le film soit d'une durée de onze minutes, le réalisateur y a pu maintenir un rythme lent de narration savamment concocté qui fait croire que le film est plutôt plus long. Les détails des événements sont présentés crescendo en des scènes courtes où le suspens augmentait petit à petit.

Ce film voudrait-il transmettre indirectement aux sociétés ultra-conservatrices un message afin de bannir l'esprit d'intolérance envers les transgenres, en prenant l'exemple original, dirait-on, du sort de leur corps après leur mort. Le réalisateur pousse son traitement de ce sujet à l'extrême, en montrant la violence qui règne dans les esprits rétrogrades.

Lotfi BEN KHELIFA

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