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La master class de Mahamat Saleh HAROUN du Tchad au festival Dakar court 2022
critique
rédigé par Mayecor Diouf
publié le 11/08/2023
Mahamat-Saleh HAROUN, réalisateur tchadien, Président du Jury au festival Dakar Court 2022, Sénégal
Mahamat-Saleh HAROUN, réalisateur tchadien, Président du Jury au festival Dakar Court 2022, Sénégal
Aboubacar Demba CISSOKHO, journaliste sénégalais, modérateur de la Masterclass
Aboubacar Demba CISSOKHO, journaliste sénégalais, modérateur de la Masterclass
Mayécor DIOUF, Rédacteur (Kaolack) à AFRICINÉ MAGAZINE
Mayécor DIOUF, Rédacteur (Kaolack) à AFRICINÉ MAGAZINE
Scène du film LAC, un court métrage fiction de Mahamat-Saleh HAROUN (Italie | 2019, en Luba-Katanga)
Scène du film LAC, un court métrage fiction de Mahamat-Saleh HAROUN (Italie | 2019, en Luba-Katanga)
Roman, 2022
Roman, 2022
Roman, 2017
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"Hissein Habré, une tragédie tchadienne", 2016, affiche anglaise
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Scène du film "B 400", un court métrage fiction de Mahamat-Saleh HAROUN (France, 1997, tourné à Bordeaux), avec Naïma HAROUN, la fille du réalisateur
Scène du film "B 400", un court métrage fiction de Mahamat-Saleh HAROUN (France, 1997, tourné à Bordeaux), avec Naïma HAROUN, la fille du réalisateur
Scène du film MARAL TANIÉ, court métrage fiction de Haroun (1994, Tchad)
Scène du film MARAL TANIÉ, court métrage fiction de Haroun (1994, Tchad)
Scène du film GOÏ-GOÏ (LE NAIN), court métrage fiction de Haroun (1995, Tchad)
Scène du film GOÏ-GOÏ (LE NAIN), court métrage fiction de Haroun (1995, Tchad)
Scène du film EXPECTATIONS, court métrage fiction de Haroun (2008, Tchad, Corée)
Scène du film EXPECTATIONS, court métrage fiction de Haroun (2008, Tchad, Corée)
Scène du film UN THÉ AU SAHEL, court métrage fiction de Haroun (1998, Tchad)
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Hissein "Kalala" Djibrine, dans le film hommage KALALA, Documentaire de Haroun (2005, Tchad)
Hissein "Kalala" Djibrine, dans le film hommage KALALA, Documentaire de Haroun (2005, Tchad)
Feu Souleymane Sarr "Niominka Bi", musicien sénégalais, participant du film BORD'AFRICA (1995, documentaire, Haroun)
Feu Souleymane Sarr "Niominka Bi", musicien sénégalais, participant du film BORD'AFRICA (1995, documentaire, Haroun)
Coulisses du tournage du film XALÉ, avec les actrices Rokhaya Niang ("Fatou") et Nguissaly Barry ("Awa")
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Moussa SÈNE Absa, réalisateur sénégalais (film XALÉ, 2022)
Moussa SÈNE Absa, réalisateur sénégalais (film XALÉ, 2022)
Une partie de l'équipe du film LINGUI (les actrices principales et le réalisateur) au Festival de Cannes 2021
Une partie de l'équipe du film LINGUI (les actrices principales et le réalisateur) au Festival de Cannes 2021

Lors du festival Dakar court de décembre 2022, le cinéaste tchadien Mahamat Saleh HAROUN était président du jury. Il fut invité à présenter une master class animée par le journaliste sénégalais Aboubacar Demba CISSOKHO.

Aboubacar Demba Cissokho : Avant la projection de votre film Lingui, les liens sacrés lors de l'ouverture officielle de la 5ème édition du festival de Dakar-Court, vous avez déclaré que vous n'aimiez pas regarder vos films. Pourquoi ?

Mahamat Saleh Haroun : Mon lien avec le cinéma est tellement sacré que ça me fait mal de voir les gens sortir comme bon leur semble ou bien fixés sur les écrans de leurs téléphones portables. C'est une exigence de ma part et vous constatez que dans une salle de cinéma, quand quelqu'un tousse cela entraîne des réactions connexes.

Qu'est-ce qui vous a amené à faire un film sur les problématiques féminines ?
Un fait divers assez courant et la récurrence de ce sujet dans les journaux. Ça m'a rappelé la même chose qui m'est arrivé quand j'étais enfant. A l'âge de 9 ans dans ma ville natale [Abéché, troisième ville du Tchad, située à l'Est de la capitale N'Djaména, à 900 km environ, NDLR], on a découvert un mort-né. C'est parce qu'on ne veut pas parler aux femmes de sexualité qu'elles sont condamnées à le faire elles-mêmes, à l'éternel routine de la violence du patriarcat dans un pays où le mot viol n'existe pas. Ce qui veut dire que trouver une femme seule dans une chambre et lui tomber dessus n'a pas de nom. La question de leur destin se pose.

Je passe beaucoup de temps avec ma mère qui est âgée. Dans les années 40, mon grand-père a décidé de prendre une deuxième femme et ma grand-mère a dit qu'elle n'acceptait pas et a divorcé. Elle a pris mon père qui avait quatre mois sur un cheval et est partie. Mon grand-père, qui n'était pas du tout d'accord, a envoyé des hommes les rattraper et a récupéré mon père. Elle ne s'est jamais remariée, n'a pas revu mon père durant 25 ans et n'a jamais eu d'autre enfant. Et cette femme-là, c'est elle qui m'a élevé. C'est en ce sens que je me suis dit : "Il faut que je passe de la cour des hommes vers la cour des femmes pour essayer de voir ce qu'elles vivent". Et là, j'ai découvert des choses assez terribles.



D'où vous vient votre tendance à parler de justice ? Et la réponse semble venir de votre grand-mère qui préconise qu'il faut se rebeller contre des choses qui ne sont pas normales…
Se rebeller, ne pas se soumettre à qui que ce soit. Tu sais, quand mon père avait 10 ou 12 ans, son père lui avait promis de le faire circoncire mais il n'avait pas d'argent. Mon père était tellement énervé qu'il est parti à l'hôpital et a trouvé un infirmier pour lui couper le "zizi" et ce dernier lui dit : "petit, je te le fais gratuitement !". A 15 ans, il est lui-même parti de la maison. En 1980, j'ai fait la même chose parce qu'il y avait la guerre civile et j'étais blessé. Ma grand-mère me disait que quand on n'est pas d'accord avec une chose et qu'on ne peut pas la modifier, il faut quitter cet espace, il faut partir. Et je suis parti. J'ai fait une fugue, en fait, et je n'ai rien dit à mes parents. Ma grand-mère nous a transmis cette idée qu'il faut se soulever même contre les dogmes, même contre les croyances, même contre la religion quand elle dit quelque chose qui n'est pas juste, il faut savoir se lever contre ça.

Cette réponse contre l'injustice traverse votre filmographie, mais aussi votre travail littéraire [note 1].
Oui. La justice est une notion apaisante dans une société : dès lors qu'il y a un sentiment de justice, on a l'impression que les choses sont équilibrées. Mais lorsqu'il y a un sentiment d'injustice, il y a possibilité de révolte. Un exemple africain : supposons que vous avez quatre cousins et que vous partagez un beignet. Le plus petit se dira que sa part est petite. Il ne connait pas encore la justice mais ce sentiment est en lui. Vous voyez alors que c'est inné. C'est un sentiment intimement humain de se dire que telle chose est injuste et je pense ne pas l'accepter.



Comment appréhende-t-on ces notions de justice et de liberté dans une société chargée de tabous comme celle du Tchad ?
On l'aborde en étant conscient et lucide. C'est valable dans la vie réelle, dans cette société où le mensonge est très important, où la représentation ou l'image de soi sont très importantes. Celui qui dit la vérité est considéré comme un fou parce que cela nous arrange en fait. On est souvent exclu. La société dit que vous êtes fou, puisque vous ne vous soumettez pas, vous êtes fou en fait. Ça permet aux autres de se dire qu'on ne va pas le suivre vu qu'il est fou. Ça existe dans toutes nos communautés.
Quand on aborde ces genres de questions, on prend conscience de sa solitude intégrale en tant qu'artiste, c'est-à-dire qu'on n'est pas là pour amuser la galerie. On est en dissidence dans la société, cela signifie accepter son statut de solitaire absolu quand on dit les choses que personne ne veut entendre. On n'a pas besoin d'avoir des dreadlocks pour être rebelle mais être conscient et de savoir où cela peut vous porter.

Et aborder les questions qui vous empêchent de dormir ? Qui vous empêchent d'être vous-même ?
Et permettre aux gens de se poser des questions et présenter les films comme une sorte de miroir aux gens, un miroir qu'ils ne veulent pas voir.



Nous sommes dans un festival de courts-métrages. Tout jeune qui se lance dans le cinéma commence par ça. Quelle place accordez-vous à ce genre ?
Je me nourris de ce que je vois autour de moi. Mon premier court-métrage s'est axé sur le mariage forcé [Maral Tanié, 1994, NDLR]. Et je me suis dit qu'il fallait regarder tous les films qui ont un rapport avec ce sujet pour savoir ce que je pouvais apporter, sans quoi je ne l'aurais pas fait. Certes, l'idée est un peu banale. J'étais avec ma mère sous le préau comme ça, assis sur un tapis à discuter. Soudain, arrive une dame. Après les salutations, ma mère dit : "Tu es revenue depuis quand ?" La dame a répondu : "Ah tu sais, ma fille ne veut plus de son mari et il exige le remboursement de sa dot". Les femmes se sont organisées pour payer la dot, si bien que la fille s'est libérée. Bref, les gens sont circonscrits comme ils n'ont pas le droit de parler de ce qui les concernent.

Intervenant dans la salle : Vos films sont-ils projetés au Tchad ? Avez-vous des difficultés ?

Haroun : Non ! Mes films y sont tous passés. On n'a pas de salle malheureusement depuis le Covid. Le Normandie [à Ndjaména, NDLR] est la seule salle de cinéma. Tous mes films y sont passés. Ils passent dans ce qu'on appelle les vidéos-clubs : de petites cours où on voit les films sur un écran de télévision. Mes films y sont passés tout simplement parce qu'on ne produit pas beaucoup. Le cinéma n'a pas cette importance en fait. Donc les autorités n'ont pas le temps de se dire qu'il faut interdire. Parce qu'ils se disent que les gens ne vont pas se jeter dans la rue après un film, ils ne vont pas faire une révolution.
Mais sur Lingui, ce qui était formidable, c'est que pour la première fois, des associations ont acheté les droits du film et ont parcouru le pays pour le montrer. Je n''ai jamais vu un de mes films avoir autant de retentissement. On a même eu, lors des séances de projection et les débats à l'Institut français à N'Djamena, un groupe de femmes qui militait pour la législation de l'avortement et qui était venue officiellement demander à la comédienne principale si elle voulait faire partie de leur groupe et en être la porte-étendard. Y a en a des gens qui raisonnent comme ça mais il n'y a pas de censure en réalité.



J'avais une bourse d'études au Tchad, mais quand j'ai posé la question de la formation, on m'a répondu que c'était réservé aux journalistes ou enfants de fonctionnaires ayant servi l'État.
Un cinéma qui n'attire pas son propre public est un cinéma mort-né, d'où notre difficulté en réalité. Aujourd'hui, si on écoute les propos de Sembène Ousmane dans les années 60, on est au même point. En fait, rien n'a changé. D'où ma fatigue un peu parfois à parcourir les festivals de cinéma africain parce que tout le temps vous répétez la même chose. Il faut arrêter, ce n'est pas normal ! J'évite nos festivals parce que c'est toujours les mêmes complaintes. Il faut essayer de bâtir une œuvre, c'est ce qui est le plus important. C'est un devoir d'exemplarité et le seul legs que je peux donner.



J'ai entendu à la soirée d'ouverture, le ministre de la Culture [Aliou Sow, Sénégal, NDLR] parler de deux milliards de FCFA comme budget du fond de soutien sénégalais [FOPICA, ndlr]. Il m'est arrivé d'avoir deux milliards pour faire un seul film. Donc, on est loin du compte en réalité.

Dans cette salle, parmi les jeunes sénégalais qui sont là, combien ont vu Xalé de Moussa Sène Absa ? Vous voyez : trois. Mais c'est terrible ! Ce sont des cinéphiles, le film sort en salles, vous n'allez pas le voir. Le problème est que c'est le CV du film. Comment le vendre si son propre public ne va pas le voir ? Donc allez voir les films, lisez les livres. C'est participer à une économie, c'est être politique. Si vous n'êtes pas politiques, vous allez être des braillards qui ne font rien. Or, brailler dans notre culture c'est facile. On ne fait que ça, parler.



Comment votre esthétique a-t-elle évolué sous l'influence de la télé et du grand écran ?
J'ai juste fait un téléfilm, une comédie pour ARTE. Et des documentaires aussi qui sont pour la télé. Un téléfilm, c'est une fiction comme les autres fictions. Y a pas vraiment de différence sauf que la comédie Sexe, gombo et beurre salé m'a été commandée par un producteur, [Nicolas Blanc, Agat Films, NDLR] ce qui imposait des contraintes. La télévision a tendance à vous dicter la durée. Un plan ne doit pas durer trop longtemps parce que sinon le téléspectateur risque de zapper. On me limitait à six secondes par plan. Si j'avais filmé un panoramique, le monteur me disait que le spectateur avait zappé, comme s'il le connaissait !
Je l'ai tourné en France, ce qui me posait des questions politiques. En fait, je n'avais que des références afro-américaines pour inscrire des personnages noirs dans cet univers de Blancs. C'est terrible. Ça veut dire qu'il y a un vide total et donc j'ai paniqué. J'ai dit à mes comédiens que je ne savais pas comment filmer ça ! Mais, il n'y a à proprement parler une esthétique différente me semble-t-il. Ce qui a changé, c'est le genre car j'ai fait une comédie.



Et comment composez-vous vos plans ?
Les plans larges sur un petit écran, ça ne passe pas. Tout le monde n'a pas de grand écran chez lui. Cela oblige à une forme de découpage au plus près des personnages pour que ce soit regardable. Comme disait Godard : "On baisse la tête pour regarder la télé et on lève la tête pour l'écran".
Dans un film, il y a toujours des plans qu'on n'a pas voulus mais qui adviennent. Tout personnage est porteur d'un temps qui est le sien. Là on entre un peu en philosophie. C'est ce qu'expliquait Bergson : " On a un temps réel et un temps mental". Et ça, j'essaye de le respecter aussi. On peut avoir un plan qui dure six minutes mais y a quelque chose qu'on recherche en fait. La durée d'un plan dépend pour moi à un moment donné du rythme d'un film, il est lié au rythme interne d'un personnage : c'est ça que je travaille en fiction et ça me paraît très important. Un grand-père de quatre-vingt ans, comment le filmez-vous alors qu'il descend l'escalier ? Vous allez tricher ou vous voulez raconter la réalité de quelqu'un qui descend ? Ce sont ces questions-là que je me pose en permanence.

Sur la question de la violence dans Lingui, faut-il se faire justice soi-même ? Comment combattre les maux que vivent les femmes ?
Non ! Si on pose la question comme ça, c'est un peu erroné. On a un personnage qui veut se faire justice car l'absence de justice oblige les gens. C'est leur environnement qui les pousse à faire violence aux autres pour pouvoir eux-mêmes survivre. Cette femme laisse exploser sa rage, elle fait ce que la société, l'Etat, ne prennent pas en charge. Et le cinéma me semble lié à notre vie, à la politique. Il n'existe pas de mot pour dire viol dans nos langues au Tchad.
J'ai acheté ici dans une librairie De purs hommes de Mohamed Mbougar Sarr et ai découvert qu'il existe un mot en wolof pour décrire un homosexuel : "góor-jigéen", un "homme-femme". Si le mot existe, c'est que cela ne vient pas des Blancs, cela ne vient pas d'Europe. Cette discussion qu'on m'a rapportée est abjecte. Il faut faire la différence entre être moralement opposé à quelque chose et dire que ça vient des autres. Chez moi aussi le terme homosexuel existe, c'est une insulte qu'on se lance à la tête dès qu'on a 4 ou 5 ans. C'est une réalité.
Dans le livre, on déterre un mort car il était homosexuel. On a fait ça au Sénégal ! Vous vous rendez compte ? Si on est porteur de cette violence, on est dangereux pour nous-mêmes. On se fait justice soi-même. De quoi a-t-on donc peur ? Cette phobie est purement irrationnelle.



Un dernier mot : le cinéma, c'est la lumière. Les gens de cinéma devraient être porteurs de lumière. Pour moi, le cinéma c'est amener les gens vers la lumière, d'où l'importance pour vous qui vous formez au cinéma de beaucoup lire. Et la chose la plus difficile pour moi c'est d'en avoir le temps. Car il faut aussi dégager six heures de temps pour voir trois films par jour. Il faut se nourrir de ça. Il faut donc être foncièrement solitaire pour s'accomplir dans sa création. Pour ceux qui ont connu Sembène, c'était un être solitaire. Il est le seul en Afrique noire qui nous laisse une œuvre, parce qu'il a compris en fait que l'isolement est le quotidien d'un artiste. Donc si vous ne développez pas l'isolement et la solitude, c'est compliqué ! Voilà, je vous souhaite bon vent ! Merci !

Propos transcrits par Mayécor DIOUF, Kaolack/Sénégal.

[Note 1] Le cinéaste tchadien est aussi écrivain. Il a publié Les culs-reptiles (roman, aux éditions Gallimard, 2022). Il a reçu le Prix Jean-Cormier 2023 récompensant le meilleur livre (fiction et non-fiction) de sport francophone.
Il avait déjà fait paraître un précédent roman : Djibril ou Les ombres portées (Gallimard, 2017, collection Continents Noirs) [Note du Rédacteur en Chef d'Africiné Magazine].

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2022 / FACC.
Un atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 5è édition du Festival de Dakar Court (05-10 Décembre 2022) par l'Association Cinemarekk et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar), avec le soutien de Vivendi Create Joy.

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