Elles sont comblées d'être invitées au festival des cinémas africains qui s'est déroulé à Khouribga, du 6 au 13 Mai 2023. L'évènement a été créé en 1977 par le doyen des critiques marocains, le regretté Nour Eddine Sail (inspiré par le Tunisien feu Tahar Chériaa, fondateur du festival de Carthage, Tunis en 1966). Ce festival marocain est finalement devenu annuel.
La ville de Khouribga est loin d'être une région touristique. Elle est très connue par la production du phosphate en premier lieu puis les cinémas africains. Cet art anime la ville et la débarrasse de la poussière de phosphate. La cité est devenue un rendez-vous annuel incontournable et un carrefour de rencontre des professionnels du cinéma africain par excellence. Vu l'importance de cette messe et le grand nombre des participants, les médias sont heureux d'avoir autant de matières à exploiter.

À cette occasion, une rencontre avec deux dames de cinéma s'est déroulée dans ce cadre. Il s'agit d'Azza Al Houssaini et Marwa Al Cherkawi, deux artistes égyptiennes conviées à prendre part à cette 23ème édition.

Pour en savoir plus sur la femme en tant que professionnelle du cinéma, le magazine Africiné s'est entretenu avec Azza El Hosseiny.

Azza El Hosseiny (عزة الحسيني) est une actrice, réalisatrice égyptienne. Elle est la directrice du festival du cinéma africain de Luxor (LAFF), en Egypte (organisé depuis 2012 par la Independent Shabab Foundation - ISF). Azza a participé au colloque intitulé "Le cinéma : mémoire et perspective". Ces travaux ont comme slogans "Notre cinéma doit parler à son temps … Notre cinéma doit parler de son temps …Notre cinéma doit résister au temps ".

La participation au colloque de Khouribga 2023

Il faut sérieusement penser à l'importance de trouver le moyen de sauvegarder la mémoire cinématographique. Faute du manque d'une cinémathèque spécifique au cinéma africain, ce sont des institutions étrangères, européennes et américaines qui s'en chargent.

Malheureusement le fait de disposer des archives de nos films ne dépend pas de nous. Donc, il nous faut vraiment créer une cinémathèque africaine bien à nous, pour archiver notre patrimoine artistique y compris les films de fiction et les documentaires. Cela doit se faire en coopération avec l'Union Africaine [basée à Addis-Abeba, NDLR] en tant qu'institution responsable de la sauvegarde de l'identité africaine avec toutes ses composantes, entre autres le cinéma.

On doit travailler sur la numérisation des archives. Il y a aussi l'importance de restaurer les films les plus importants de notre histoire cinématographique pour donner l'occasion aux nouvelles générations de les voir, parce que c'est à travers les films qu' on peut tout savoir, notre passé, nos coutumes, notre culture et même les anciennes rues et lieux d'habitations.

La féminisation du cinéma

Au fait, je préfère ne pas parler de genre (sexisme) dans le cinéma ;. C'est parce que la femme exerce un travail comme un autre, bien qu'il ait ses propres identifiants. Je cite l'exemple de l'Egypte où les femmes ont intégré ce milieu depuis très longtemps déjà, comme actrices puis réalisatrices, jusqu'à ce qu'elles deviennent faiseuses de films à part entière. Elles sont présentes dans les différents métiers de la fabrication d'une œuvre filmique. Le nombre de femmes qui ont choisi de se mettre derrière la caméra ne fait qu'augmenter assurément, malgré les contraintes qui peuvent entraver leur travail.

La maitrise de leurs outils les qualifie de professionnelle, il faut aussi signaler que choisir ce métier ne concerne qu'elle-même puisqu'elle doit assumer son choix.

La femme a-t-elle pu trouver une place dans un milieu plutôt patriarcale réservé aux hommes jusqu'à pas longtemps ?

Je confirme cette thèse, parce que la gente féminine a démontré qu'elle est capable d'assurer et assumer la responsabilité de son choix et a défié le fait qu'elle soit femme et réalisatrice.

Propos recueillis par Amina BARAKAT