Dévastée par la douleur, Maïne est inconsolable. Pour autant, la jeune fille entend rester forte pour ne pas trahir sa volonté d'accompagner le papa chéri qu'elle vient de perdre jusqu'à sa dernière demeure. Aux côtés de sa famille, elle roule vers le village de son père, où sont prévues les funérailles. Devant le cercueil, de l'être qu'elle aimait tant, Maïne rumine sa colère.
Dans ce village marocain musulman pratiquant, la femme n'a pas le droit d'assister à l'inhumation d'un mort. Malgré tout, Maïne est déterminée à braver l'interdiction et s'emploie par tous les moyens à parvenir à ses fins.
Le film aborde certes les questions de l'inégalité homme/femme, mais il développe surtout la difficulté d'une jeune femme à définir un deuil dans un environnement étranger. Maïne est avant tout une adolescente spontanée, radicale, qui cherche sa voie, alors qu'elle est d'une double culture entre France et Maroc.
C'est grâce à un récit saccadé suivant ses pulsions mais aussi la confrontation des regards et la proximité insistante de la caméra sur son visage que le film nous fait sentir à la fois sa douleur et son trouble. En recherche de rituels dont elle ne serait pas exclue, la poignée de terre autant que l'obstination à entrer au cimetière sont des marques de son désarroi. Son silence, sa colère et lorsqu'elle essuie les larmes de sa sœur font de Maïne un personnage profondément humain.
Tening THIARE (Kaolack)