Le film est tourné au Burkina Faso et la réalisatrice est Nigérienne. Fatima, 12 ans, et sa mère vivent dans un territoire tourmenté par des Djihadistes armés. Kidnappée, Fatima doit aller se faire exploser dans le marché où sa mère vend ses légumes. D'autres filles captives sont violées…

Nous suivons Fatima dans le détail de sa tragédie, ce qu'elle ressent quand on la prépare avec le lavage traditionnel des morts, son refus de prendre de la drogue et la façon dont elle résiste au discours lénifiant du chef quand on lui passe de force une ceinture d'explosifs.



La caméra épouse notre regard quand on la suit de dos et qu'elle traverse le marché. Puis elle nous fait face quand elle affronte son destin tragique. La tension est terrible. Rien ne nous est épargné : nous comprenons les logiques et les rapports de force.
Le djihadisme n'a rien à voir avec la religion. C'est une grande duperie qui remonte au refus historique d'interpréter les textes de l'Islam. Dans ce film, nous le percevons crûment mais sans voyeurisme. Fatima se souvient de la chanson de sa mère sur le sacrifice de la vie. Elle n'a que les mots puis finalement que le regard pour se rebeller, mais ses paroles nous restent comme une lueur d'espoir face au désarroi : il est possible de résister, toujours, malgré tout, même lorsque tout est perdu.

Bibiana Duarte Pinto Cabral (Guinée Bissau) (traduit du portugais)

Article rédigé dans le cadre de l'Atelier Dakar Court 2023 / FACC.
Un atelier de formation en critique cinématographique dirigé par Olivier Barlet et Baba Diop, organisé à l'occasion de la 6è édition du Festival de Dakar Court (11-16 Décembre 2023) par l'Association Cinemarekk et la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar).