Organisé par les femmes passionnées de l'association "Cinemarekk", l'édition 2023 du Festival Dakar Court (Sénégal) a brillamment mis en lumière la richesse cinématographique à travers la sélection officielle de 11 films captivants.
1. L'Envoyée de Dieu : entre l'innocence et l'obscurité (Niger / Burkina/ Rwanda)
Amina A. Mamani tisse une toile émotionnelle avec L'Envoyée de Dieu, mettant en lumière l'innocence de Fatima confrontée à l'obscurité du "djihadisme". Le film interroge la véritable nature des ennemis de Dieu et explore la maternité comme source de résilience. Au-delà de l'enfant et du guide spirituel, le récit soulève des questions persistantes sur la foi et la puissance des ténèbres. Le jeu juste et réaliste de Salamatou Hassane pour le rôle de la protagoniste du film lui a value le Prix de la meilleure interprétation féminine.
2. Timis : un conte d'audace et de leadership féminin (Sénégal)
A travers Timis, Awa Moctar Gueye nous emmène dans un royaume d'audace et de leadership féminin. Le personnage de Binta, défiante et courageuse, se dresse contre les ombres menaçantes du marché. Le film transcende le genre du teen movie d'horreur pour devenir un conte contemporain d'émancipation féminine. Binta, jeune et pure, incarne le leadership féminin en défiant les attentes de la société patriarcale. Pour Timis, Awa reçoit le Grand Prix national Annette M'baye d'Erneville du festival Dakar Court.
3. Sur la tombe de mon père : un voyage intime au-delà des frontières (Maroc)
Jawahine Zentar nous offre une exploration profonde de la culture et du deuil avec Sur la tombe de mon père. Maïne, en se rebellant contre les traditions, pose des questions cruciales sur la place des femmes dans la religion musulmane. Le film transcende les frontières du cinéma traditionnel, devenant une expérience émotionnelle universelle qui pousse à réfléchir sur les racines culturelles, le déracinement et la résilience.
4. Je te promets le paradis : silences éloquents de la quête intense (Egypte/ France/ Qatar)
Je te promets le paradis de Morad Mostafa, lauréat de Grand Prix du Jury, plonge les spectateurs dans le tumulte intérieur d'Eissa, un jeune migrant soudanais en Égypte, dans sa quête audacieuse du paix. La promesse énoncée dans des moments de tendresse se transforme en drame, exigeant un départ rapide vers un avenir incertain. Le film utilise le silence avec maîtrise, suscitant une profonde empathie et explorant des thèmes complexes tels que le racisme, la religion, et l'inégalité. Les émotions dégagés par Kenyi Marcellino dans le rôle d'Eissa conduise le film et lui font obtenir le Prix de la meilleure interprétation masculine.
5. Aminata : entre argent, responsabilité et quête de pouvoir (Sénégal)
Djibril Vuille explore la complexité des relations humaines, où l'argent devient le fil conducteur, avec son film Aminata. Abdoul, influencé par des conseils douteux, se détourne de l'intégrité pour assurer la subsistance d'Aminata, symboliquement représentée comme héritière. Le film soulève des interrogations morales sur la quête d'argent et de pouvoir, offrant une expérience introspective riche et inoubliable de la condition humaine.
6. Langue Maternelle : résistance identitaire dans un monde étranger (France/ Mali)
Dans Langue Maternelle, Mariame N'diaye (Prix du meilleur film francophone 2023 à Dakar), aborde la persécution de l'identité et de la culture en terre étrangère. Sira, désireuse de préserver son ancrage culturel, fait face à des obstacles centrés sur la langue et le succès scolaire de sa fille. Le film soulève des questions sur l'assimilation et la résistance identitaire, mettant en scène un conflit entre l'acceptation de l'assimilation et la sauvegarde de la famille.
7. Dans le Noir : l'exploitation entre frères (Sénégal / France)
Mor Talla Ndione plonge les spectateurs dans l'ombre méconnue de l'immigration en Occident. Il offre un récit audacieux dévoilant l'exploitation entre les membres d'une même classe sociale, mettant en lumière l'intelligence des exploités qui résistent dans l'ombre. Le film déconstruit les stéréotypes persistants, exposant la dure réalité de la double exploitation, où les privilèges des papiers deviennent une arme pour s'enrichir. Dans le Noir incite à repenser les notions de classe sociale et de solidarité, offrant un cri silencieux contre l'exploitation.
8. Ici s'achève le monde connu : quête de liberté (France/ Guadeloupe)
Anne-Sophie Nanki nous transporte en 1645 dans les Antilles françaises. Son film explore la complexité des relations entre Ibátali, originaire de Kalinago, et Olaudah, un Africain, alors qu'ils tentent d'échapper à leur destin colonial. À travers ce road movie, le film illustre le dédale des situations et des sentiments, utilisant la forêt tropicale comme décor symbolique. La quête géographique devient également une quête imaginaire pour retrouver leur humanité.
Ici s'achève le monde connu dévoile les conséquences tragiques du métissage dans une société coloniale, tout en soulignant les discriminations singulières subies par chaque "race". La réalisatrice, Anne-Sophie Nanki, tire son inspiration de l'histoire et de la résistance, utilisant le bushinenge tongo comme langage pour symboliser la résilience. Le film repart de Dakar avec le Prix du scénario et de la mise en scène Ababacar Samb Makharam.
9. Déni Choubaga : une ode à la sorcellerie bienveillante (Sénégal)
Déni Choubaga, capturé par Django Schrevens, transporte les spectateurs au cœur d'un village mystérieusement touché par la mort. Ce film, tourné dans la Casamance, déconstruit les clichés de la sorcellerie. Siré, la protagoniste, incarne un don extraordinaire, questionnant si la sorcellerie peut être une force positive. Le récit sème des graines de réflexion sur la redéfinition de la sorcellerie, soulignant la nécessité de déconstruire les préjugés et de comprendre les dons surnaturels. Déni Choubaga bouscule les idées préconçues et explore la magie au-delà des apparences, invitant le public à repenser la sorcellerie comme un don ou une malédiction.
10. SÈT LAM : poésie cinématographique sur la vie et la mort (île de la Réunion).
Vincent Fontano plonge les spectateurs dans une ville insulaire où une grand-mère raconte l'histoire d'Edwardo. Le film explore la lutte contre la mort, symbolisée par les "sept lames" que les personnages doivent franchir pour "jeter le chagrin, la colère, et les questions". La poésie cinématographique évoque la résilience face à la mort, soulignant la nécessité de lutter contre l'oubli et de conserver les traditions. SÈT LAM offre une méditation visuelle sur la vie, la mort, et la transmission, utilisant le noir et blanc ainsi que le format 4:3 pour intensifier l'expérience.
11. Mon coup de cœur 2023
Mon coup de cœur pour cette édition demeure le film algérien Boussa. Une preuve qu'on peut partir de l'humour pour dénoncer les tares de notre société actuelle. Je vous invite à aller lire l'article que j'ai écrit sur ce magnifique bijou-bisou l'article que j'ai écrit sur ce magnifique bijou-bisou réalisé par Azedine Kasri; et, qui m'a valu le Prix de la meilleure production journalistique lors de la remise des prix du festival.
Ces films resteront gravés comme des voyages cinématographiques uniques, déployant des thèmes universels à travers des perspectives riches et diversifiées. Mon coup de cœur pour cet édition demeure le film algérien "Boussa". Une preuve qu'on peut partir de l'humour pour dénoncer les tares de notre société actuelle. Je vous invite à allez lire réalisé par Azedine Kasri; et, qui m'a valu le prix de la meilleure production journalistique lors de la remise des prix du festival.
Kosi Sessi
