Les archives cinématographiques sont détruites ou en ruine dans plusieurs pays d'Afrique. Le film documentaire Au Cimetière de la pellicule - écrit et réalisé par le Guinéen Thierno Souleymane DIALLO - est un fort plaidoyer pour la sauvegarde des oeuvres cinématographiques et audiovisuelles.
Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) s'est ouvert le samedi 25 février 2023, à Ouagadougou. La fête biennale des cinémas d'Afrique déroule son menu, au bonheur des cinéastes et d'autres amoureux du septième art. Dans cette ambiance, le film Au cimetière de la pellicule de Thierno Souleymane Diallo (documentaire, 93 minutes, Guinée Conakry, 2023) est l'un des premiers films documentaires long métrage en compétition.
A travers ce film projeté dans la salle Canal Olympia Idrissa Ouedraogo à Pissy, Ouagadougou, le personnage - qui n'est autre que le réalisateur du film - parcourt les villes et villages de son pays, la Guinée Conakry, à la recherche d'un trésor : le film Mouramani réalisé par le Guinéen Mamadou Touré en 1953.
Du début à la fin du film, le spectateur est invité à découvrir le périple de ce personnage étrange, caméra à l'épaule et matériel de prise de son en bandoulière, les pieds nus, à travers le sable fin ou parsemé de pierre, ou encore sur les routes asphaltées de Conakry et de Paris (France).
"Je suis à la recherche du film Mouramani, un film tourné par Mamadou Touré en 1953", répète Mamlo partout où il passe dans l'espoir de retrouver la bande filmique qui le rend fou et le hante. Lancé sur des pistes dans cette recherche, "celui qui n'a rien à faire" découvre des lieux, des bâtiments, des personnes, des matériels, tous en relation avec le cinéma. Aussi peut-il voir, toucher et manipuler des bobines mortes ou survivantes, dans la poussière et la chaleur qui les menacent.
Au cimetière de la pellicule (2023) est le premier long métrage documentaire de Thierno Souleymane Diallo. Il avait déjà réalisé en 2015 son premier documentaire titré Un homme pour ma famille, suivi en 2018 de Nô Mëtî Sîfâdhe. Il a été formé en cinéma notamment à l'Université des Arts de Guinée (ISAG) à Dubréka, avant de partir en 2012 au Niger pour faire un Master spécialisé en documentaire de création, puis un Master de cinéma documentaire au Sénégal.
Son premier documentaire long métrage renseigne sur l'existence de lieux historiques et hautement symboliques tels que des salles de cinéma en Guinée Conakry, le centre culturel franco-guinéen…
L'oeuvre propose au cinéphile des entretiens inédits, réalisés avec plusieurs personnes dont la mère du personnage, des anciens professionnels du cinéma, des cinéphiles, mais aussi des étudiants en
cinéma.
Des vestiges du cinéma aux signes d'espoir que reflète la nouvelle
génération de professionnels du cinéma, le spectateur adhère à la nécessité impérieuse de préserver les archives pour la postérité, mais d'abord pour maintenir le plus longtemps possible en vie les oeuvres filmiques.
A défaut de retrouver le film recherché, Souleymane Diallo reconstitue le conte filmique de Mouramani (23 minutes, Guinée) comme pour exorciser l'esprit de cette bobine morte qui le hante, faute d'avoir bénéficié d'un deuil digne au cimetière de la pellicule. En course aux étalons du Fespaco 2023, ce documentaire était déjà en lice au Festival international du film de Berlin (Berlinale 2023) en Allemagne, dans la catégorie "Panorama Dokumente".
Charles Ayetan (Togo)
Article paru dans Africiné Magazine, No1, Jeudi 02 mars 2023, page 04 /// 28è FESPACO
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Avec le soutien du Fespaco (Burkina Faso), Ascric-B (Burkina Faso), ISIS (Burkina Faso)
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Directrice de Publication : Fatou Kiné SÈNE
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